L’arête ouest des Salbitschijen est une des plus belles courses rocheuses des Alpes. Parler des Salbitschijen sans évoquer cette arête mythique, c’est un peu comme penser qu’on va bien dormir dans une cabane du CAS: impossible. Longue, aérienne et incroyablement esthétique, elle déroule ses six tours successives sur plus de trente longueurs et environ mille mètres d’escalade, dans un granite parfait.
À la base, nous étions censés faire le Weisshorn. Mais en raison des importantes quantités de neige en altitude, nous avons préféré nous rediriger vers une course moins haute, mais tout aussi grandiose. Parfois les plans B sont presque meilleurs que les plans A👌
Cette arête, ou plutôt cette longue voie, est vraiment dantesque. Pourtant, l’aventure a commencé sous tension. Malgré des prévisions optimistes, la météo annonçait de la pluie et des orages le soir avant de partir en milieu de journée. Pas question de traîner : réveil à 3h15 et départ à 4h du matin, frontale vissée sur le casque. Finalement… pas une goutte ! Comme quoi, parfois il vaut mieux grimper que trop consulter son application météo.
Nous avons dormi au Salbitbiwak, un endroit magique, rustique et idéalement placé au pied de l’arête. Et quel luxe : nous étions seuls ce jour-là. Par conséquent, nous nous sommes permis de fixer les deux premières longueurs “à la mode Yosemite”. Cette petite stratégie nous a fait gagner du temps avant même le lever du soleil.
Au fil des tours, l’arête déroule ses passages emblématiques : traversées aériennes, granite compact et ces fameuses fausses fins. À chaque fois, on croit avoir terminé… avant d’apercevoir la tour suivante.
Un grand merci et bravo à Xavier pour cette belle course. Les avant-bras étaient bien fumés sur la fin et les pieds franchement douloureux… Mais avec un grand sourire au sommet, on peut dire que l’aventure valait largement chaque mètre grimpé.
Difficile, en quittant le granite parfait, de ne pas penser aux pionniers du Pays d’En Haut. En 1948, Louis-Maurice Henchoz, Ernest et Betty Favre signaient la première traversée intégrale de cette arête mythique. Leur voyage commence… à vélo, depuis Château-d’Oex jusqu’à Göschenen, avant de continuer à pied et de grimper les six tours. Une épopée hors du temps qui, aujourd’hui encore, inspire et relativise nos réveils matinaux et nos chaussons confortables.
Topo recommandé
Pour préparer la course, nous avons utilisé le topo de Bergsteigen.com. Clair et bien détaillé, il permet de gérer efficacement les transitions entre les tours. Ainsi, on évite les petites erreurs d’itinéraire qui coûtent du temps.
Conseils pour l’arête ouest du Salbitschijen
- Partir tôt afin de gérer la longueur de la course et grimper au frais quand la météo annonce de la chaleur.
- Choisir des chaussons confortables pour tenir toute la journée.
- Prévoir une corde à simple de 50 m et une radline de 50 ou 60 m pour les rappels. L’Escaper est déconseillé, vu la configuration des rappels et le risque de coincer la corde.
- Emporter un jeu de friends du 0.3 au 3 ainsi qu’une dizaine de dégaines.
- Et surtout : savourer le granite parfait et l’ambiance unique de cette grande classique.
Itinéraire
Voici quelques images des passages où l’itinéraire de l’arête ouest du Salbitschijen m’a paru moins évident à trouver. Ces photos donnent un aperçu utile pour mieux se repérer le jour de la course.
