Sommet surplombant la ville d’Aoste, le Mont Emilius m’a toujours fasciné par sa grande face et par son arête nord est. C’est en parlant avec des collègues guides valdotains que j’apprends que cette arête s’appelle Tre Curati et je trouve un bout de topo sur le net. Mais cette course étant peu parcourue, je ne trouve pas beaucoup d’info sur la qualité du rocher et si la balade en vaut le détour. Client et ami depuis de nombreuses années Philippe est la victime idéale pour se lancer à l’assaut de ce sommet.
Le premier jour est consacré à la logistique et la montée en bivouac. On prend la route qui monte au village de Grand Brissogne, et on laisse la voiture à la sortie du village. Possibilité de monter jusqu’à Larp par une route en terre mais attention si vous n’avez pas d’autorisation. On emprunte le sentier n°01 en direction des lacs de Laures ou se trouve le bivouac Menabréaz (environ 2h45 depuis Larp et 3h30 depuis Grand Brissogne).
Le bivouac est un coin de paradis, on y est juste bien. Sa disposition devant le lac est incroyable. Il est équipé en eau et électricité. Tout est là pour cuisiner (casserole, assiettes, verres, plaque à gaz, etc…) mais il faudra porter votre nourriture et vos bières. Il est dur de partir du bivouac le matin tellement qu’on y est bien mais n’oubliez pas vos sac à viande, les vieilles couvertures piquent.
Pour rejoindre le départ de l’arête, il vous faut emprunter le sentier du col Peccoz. Ce sentier n’est plus bien marqué. Le départ se trouve à l’extrémité nord du lac d’en Bas. Remontez le sentier en suivant les marques jaunes et les cairns. A 2800m quittez le sentier pour remonter la moraine en direction du glacier Blantsette. On a pas besoin de crampons pour le glacier qui est quasi inexistant mais peut-être en début de saison avec les résidus neige. Une fois sur le glacier, il faut se rendre sous le premier gendarme et y monter par un couloir facile pour rejoindre à son pied en versant est.
Gravir le premier gendarme par son fil. Attention le caillou est un peu instable. Une fois au sommet, on trouve facilement les cordelettes pour le rappel d’environ 20m qui nous dépose à une brèche confort. De la brèche, on continue sur le fil de l’arête, (l’arête du triangle noir) en contournant les difficultés par la droite. Attention on passe une zone de roches instables dû à un éboulement. On continue l’arête jusqu’au pied du deuxième et troisième grand gendarme. De là on les contourne par la gauche par des belles petites longueurs en lll+. On rejoint le pied d’un couloir entre le troisième et quatrième gendarme. Remonter jusqu’à une brèche par quelques pas d’escalade en lV. De la on remonte le quatrième gendarme en restant un peu sur la droite de son fil pour rejoindre le sommet du triangle noir.
Une fois au sommet du triangle noir, on gravit le dernier gendarme par son fil. De beaux passages aériens avec un magnifique rocher. On continue sur le fil de l’arête et on trouve une vieille corde fixe avec des pitons pour assurer la descente de 5 m sur une dalle en direction d’un rasoir que l’on grimpe par sa droite. On rejoint un brèche qui sépare le triangle noir et l’arête finale.
La dernière partie est plus évidente. On remonte l’arête finale par son fil et au plus simple. Ne pas trop s’aventurer dans la face nord ou le rocher et moins bon. De beaux passages d’escalade restent à faire avant le sommet. On trouve de belles fissures pour y mettre des friends et de beaux béquets pour assurer. On continue à suivre l’arête jusque sous le sommet. Une dernière difficulté que l’on contourne en passant 5m à droite pour rejoindre la Madone sommitale.
Une fois au sommet, on emprunte le chemin de descente de la via Ferrata qui nous amène au col des Tre Cappucini. On descend en direction du lac des Laures par un sentier un peu scabreux et peu marqué.
Au final, une belle course avec de très beau passage d’escalade et une ambiance de fou avec cette face nord coupée au couteau! L’itinéraire n’est pas très évidant jusqu’au sommet du triangle noir mais la suite est plus facile. La cotation est AD+ lV+. Il faut compter 2h du bivouac au départ de l’arête et 4h à 5h jusqu’au sommet. Ensuite 2h à 3h du sommet au bivouac. Comme matériel il vous faudra: trois à quatre friends de tailles moyennes (0.75 au 2 chez Black Diamonds), des sangles et une corde de 40m. Vous trouver aussi le topo en italien sur Gulliver.it.
Merci Philippe de m’avoir suivit dans cette aventure et d’être toujours partant pour la découverte de ces sommets hors des sentiers battus. J’espère que ce petit descriptif vous donnera l’envie d’aller à la découverte de ce Mont Emilius! Une belle idée course pour cette fin de saison!