Valle del Colorado ; l’histoire d’une belle expédition: Doux et agréables sentiments que de se replonger à nouveau dans le rythme d’une expé. Savoir enfin prendre le temps et couper court à la frénétique fuite en avant de nos vies occidentales où chaque instant doit avoir son lot d’animation.
Deux semaines sans réseau, sans FB, instagram et tutti quanti, réapprendre que ne rien faire est probablement le meilleur moyen de se ressourcer et d’améliorer la production de nos globules si précieux à l’altitude. Se réapproprier le temps, l’ennui, et les fonctions basiques: manger, boire, se laver à l’eau froide d’un torrent.
Au fond du valle del Colorado, avoir du temps c’est aussi observer ce qui nous entoure, se projeter sur un itinéraire, prendre enfin le temps de discuter avec les personnes qui nous accompagnent.
Pas simple de promouvoir l’inaction dans un projet où le moteur est la performance et son but premier est d’atteindre le sommet. Par contre, si nous arrivons à trouver le juste équilibre entre ne rien faire et surfaire…. Et bien, cela nous donne l’occasion de rallier le but fixé avec pas mal de sérénité et d’avoir l’impression de profiter pleinement de chaque instant.
Choisir d’aller poser ses pattes dans la vallée du Rio Colorado, vallée sauvage, proche du Mercedario, c’est un peu se réapproprier tous ces sentiments. C’est la garantie de ne croiser personne. Tous les continents ont leur lot de surfréquentation. L’Amérique du sud n’échappe pas à ce phénomène avec son plus haut sommet, L’Aconcagua.
L’Aconcagua est devenu en 10 ans un exemple de concentration de la dérive du genre humain où s’allient ceux qui n’ont rien à faire dans ce milieu et ceux dont la seule motivation est l’appât du gain. Mélange détonnant qui aura fait beaucoup de morts cette année…..Trop pour une montagne aux difficultés techniques modérées.
Notre projet à nous, était de découvrir une nouvelle région et si les conditions se présentaient, d’aller poser nos crampons et piolets dans la face sud du Mercedario. Belle face de 2000m, imposante et majestueuse. Le réchauffement climatique n’épargne pas l’Argentine et cette face. Peu de neige et beaucoup de glace.
L’éventualité de ne pas pouvoir y accéder nous avait effleurée. Nous mettons en route le plan B. D’autres jolis 6000m sont présents dans cette ancienne caldera. La Ramada, l’Alma Negra et la Mesa. Que des sommets au consonance féminine…. parfait pour une expé essentiellement masculine.
Peu d’infos sur les différents itinéraires de ces sommets. Ce sera du «à vue ». La Ramada et ses 6370m nous semble un bel objectif. Xavier présent sur le site une bonne semaine avant l’arrivée du groupe, aura eu le loisir de « dégrossir » l’itinéraire avec l’aide de Largo. Le rythme expé peut enfin s’enclencher…..portage, repos, montage camp d’altitude, repos, nuit en altitude, repos…etc.
Une semaine après notre arrivée au camp de base à 3650m d’altitude, première tentative pour la Ramada. Un premier groupe de 4 emmené par Xavier, ira au sommet.
Le froid et l’altitude auronts eu raison de deux membres du groupe. Deuxième tentative quelques jours plus tard avec Philou… Incroyable sentiment d’être seul au monde avec un client dans cette immensité. Dans cette dernière, justement, nous sommes tous venus y chercher quelques réponses à nos questions. Chacun avance selon ses besoins. Les jours de repos ou d’acclimatation servent, à certains, à apprendre à jouer au Truco. Jeu de cartes typiquement Argentin. Ces journées auront vu se créer la première équipe nationale Suisse de Truco…
D’autres ont besoin de plus d’action. Ils seront souvent à parcourir le fond de cette quebrada aux couleurs intensément belles.
Maru et Mariano, le staff du camp de base, nous aurons chouchoutés calorifiquement parlant ! Ce jusqu’au dernier jour malgré la pénurie de gaz ( c’est la mode…) et celle de certains aliments. L’ingéniosité de Maru et Mariano, nos cuisiniers aura été largement appréciée tout au long de ce périple.
Mariano, géologue de son métier, participe aussi à la belle réussite de ce voyage. L’emplacement du camp de base, serait un lieu parfait pour enseigner ses connaissances, nous a-t-il murmuré entre deux noms de roches jaunes, oranges ou brunes.
Les montagnes des alentours nous faisaient des clins d’oeil tous les matins. Après La Ramada, ce sera au tour du Cerro Negro ( 5600m.) de voir passer une petite équipe de Suisses fortement motivés. 1900 mètres de dénivelés entre le camp de base et ce sommet, avalés en une petite journée après une reconnaissance l’avant veille.
Le Mirador qui culmine à 4900 mètres fût notre dernière ascension pour clôturer 3 petites semaines loin, très loin du monde. Une magie qui, fort heureusement existe encore, alors que, personnellement j’en doutais fortement en descendant du camp de base de l’Aconcagua au début de ce mois de janvier.
La beauté de cette vallée n’enlève rien à son éloignement. Vous vous sentirez bien seul dans ce paradis. De plus, l’accès et le retour demandent une vraie organisation logistique. Pas moins de 2 à 5 croisements de rivières avec un débit bien trop puissant pour imaginer ces traversées sereinement sac au dos et en marchant. Nous aurons régulièrement utilisé des mules ou des chevaux pour nous permettre les franchissements du Rio Colorado.
Les 90% de l’équipe était déjà avec Xavier en Iran, au Kirghistan ou en Bolivie ces dernières années. Une « machine » qui tourne presque toute seule. De nouveaux souvenirs construits sur la base d’échanges de regards, d’apprentissages, de souvenirs et la création de nouvelles histoires autour d’un asado, d’une glace ou d’un lyophilisé en altitude.
La magie d’une belle expédition avec des gens puissamment motivés et en accord avec leur projet, a pleinement fonctionné.
Nous remercions de tout coeur, Mariano et Maru pour un travail irréprochable au camp de base et dans la tente cuisine.
Bravo à toute l’équipe surmotivée dès les premières heures du voyage : Toni, Claude, Pierre-Yves, Fred, Philippe, Stéphane et Bernard Aldo.
En haut les participants ; Philippe, Fred, Tony, Claude, Baldo, Pierre-Yves et Stéphane.
Au milieu le staff Mallku : Mariano, Maru, Sybille et Victor
En bas les guides ; Largo, Xavier et Philou.