Et non, le mot « arête » à Marseille ne fait pas uniquement référence aux arêtes de sardines ou autres merlus… Mais bien à une arête qui se grimpe! L’Arête de Dix Heures est un magnifique perchoir pour alpiniste, au coeur des Calanques.

L’itinéraire se situe à coté du sommet de la Melette, qui donne son nom au secteur. La marche d’approche agréable et rapide démarre au col de Sormiou. Garer votre voiture juste avant le col vous évitera une amande (salée… bien entendu). L’arête se dresse entre deux cirques, à gauche le cirque des Walkyries, à droite le petit cirque de Coulon, tous deux équipés d’autres voies d’escalades.

Simon, joue à l’apprenti guide pour sa première « longue voie ». Ici au sommet de la 1ère longueur.

Sur le papier la difficulté indiquée est de 4c/5a max. Le challenge de cette arrête n’est pas l’escalade en soit, mais plutôt de construire son relai au bon endroit. Le bon endroit, c’est l’endroit où le relai sera solide, confortable pour assurer, facile pour communiquer et pratique pour pouvoir repartir à pied dans les sections de marche sans risquer de glisser. A vous de le trouver !

Sur la photo précédente le relai prévu est fait de deux points sur le gros bloc derrière la tête de Simon. Il est solide, confortable mais pas pratique pour repartir à pied!

Après cent cinquante mètres de marche l’escalade reprend de plus belle avec cette jolie 3ème longueur.

Faute d’avoir emporté dans mes valises une corde à simple de 50 mètres, je ferai toute l’ascension avec une corde à double de 50 mètres sur laquelle je m’encorderai au milieu (avec l’autre brin dans le sac pour être tranquille). Même si vingt cinq mètres sont suffisants, je vous conseille une corde à simple de 30 ou 40 mètres pour plus de liberté. Les coinceurs peuvent rassurer mais ne sont pas indispensables, en revanche quelques sangles sont bien utiles.

Simon assure et Estelle jardine… Le début de l’arête proprement dite commence!

Le topo réalisé par la FFME indique le tracé global de la voie tandis que le topo des 100 plus belles grandes voies de Provence indique le tracé avec les relais qui ne sont pas toujours là où ils se trouvent réellement. Une bonne raison de plus pour choisir vous même l’endroit qui vous semble le plus approprié. Faire des courtes longueurs sera largement profitable. Cela vous permettra de voire votre second de cordée, d’avoir moins de tirage, d’éviter que la corde ne fasse tomber des cailloux…

Quel plaisir d’assurer avec ce coup d’oeil! Au fond le Cap Canaille et son rocher rougeâtre.

Gaston Rebuffat, né en 1921 à Marseille a ouvert de nombreux itinéraires dans les Calanques. Il a joué un rôle important dans la protection des Calanques aujourd’hui classées parmi les parcs nationaux. Ce qui d’ailleurs plait moins à notre hôte, Roland, qui ne peut plus chasser ni pêcher les oursins comme il le faisait jadis. On fait souvent le parallèle entre les marins et les alpinistes, je comprends mieux pourquoi maintenant, la mer devient mer de glace, au milieu il reste un navire de roc.

Dernier passage sur le fil pour rejoindre le chemin.

Le dernier passage se fait en « corde courte » sur le fil, aérien et étroit certes, mais plat et facile, on peut même faire le toutou à quatre pattes si l’on est trop impressionné. D’ailleurs, c’est un peu ça la corde courte, le toutou et son maître; dès que la laisse se tend on tire dessus pour empêcher le toutou de partir. Non plus sérieusement, ce tout récent reportage de l’émission RTS, Altitude, vous en dira un peu plus sur cette technique. Sinon, appelez-nous on se fera un plaisir de vous apprendre cet art dans un cadre grandiose comme celui des Calanques. Tiens, ça ferais pas une bonne coupure, d’aller grimper au bord de la mer pendant la saison de ski ?

Pour conclure, l’Arête de Dix Heures porte bien son nom: si tu es grimpeur de longues voies qui débute alors presque 10 heures tu mettras, si tu es un apprenti alpiniste, plus vite au pastis tu seras !