Le Sirac, ce sommet majestueux qui ferme une partie du Valgaudemar au sud du massif des Ecrins. Le Sirac est intriguant comme sommet. A part sa traversée intégrale et son arête nord, peu de gens s’intéressent à sa face nord ouest ! Et pourtant elle propose des itinéraires engagés et motivants.
Il y à 7 ou 8 ans nous avions réalisé avec trois clients et trois guides, la traversée Est – Ouest du Sirac par son arête sommitale. Ce n’est pas qu’une partie de plaisir. Certaines zones sont vraiment délitées. Puis je suis retourné deux fois sur l’arête nord de ce Sirac ! Une magnifique ascension qui est un ton au dessus de l’éperon de Tsalion, mais dans le genre de terrain.
Depuis quelques années, je regardais la ligne qui passe au centre de sa face nord ouest ; La Biju Duval ! Un nom qui sent bon l’aventure. Connaissant que sa réalisation en face nord des arêtes de la Meije, Monsieur Biju Duval a réussi, une fois de plus à titiller mon intérêt.
La Biju Duval au Sirac, parcoure les 3/4 de la face, pratiquement en son centre. Les rares topos que vous trouvez sur le net, relatent un itinéraire engagé, difficile a protéger dans certains passages et proposant 9 ou 10 pitons ou spits sur 900 mètres de haut. Une difficulté de 5c / 6a maximum. Bref un joli cocktail pour une belle aventure.
En cette fin de juillet, nous avons essayé de reprendre les traces de M.Biju Duval en face nord ouest du Sirac. Le gros avantage de l’essai est la qualité de l’accueil au refuge de Vallonpierre. Guillaume, le gardien et son staff sont vraiment gentils. Le refuge est un havre de paix. Le Sirac, son arête nord et sa face nord ouest, surplombent l’emplacement du refuge.
Nous avons tenté de réaliser la Biju Duval. Nous sommes remontés jusqu’au pied des longueurs difficiles dans la pyramide sommitale. Arnaud, mon client, pensait ne pas être en forme pour s’engager dans la fin de l’entreprise. C’est là, que notre expérience pourrait être intéressante pour les cordées futures. Il est vraiment possible de rejoindre l’arête nord en longeant la vire centrale de la face nord ouest.
La vire centrale n’est pas trop raide. Il traîne passablement de cailloux et rien n’est vraiment stable. Mais le terrain permet largement de se déplacer vers l’arête nord. Pour cela : Il faut suivre la vire jusqu’au moment où, naturellement, vous aurez envie de remonter au dessus d’un éperon qui est encore dans la face. Ce dernier pourrait être franchit soit par son versant droit ou part une fissure large et encombrée de blocs dans son versant gauche. Du sommet de l’éperon, vous longez des dalles peu raides pour rejoindre l’arête nord. Du pied des difficultés de la Biju Duval, à l’arête nord, il faut compter 30 minutes.
Nous avons donc utilisé cette échappatoire qui est agréable dans cette situation. Elle nous aura laissé prendre pied sur l’arête nord, terminer doucement l’ascension du Sirac et ainsi ne pas perdre une belle journée de ce mois de juillet 2022. Pour Bertrand et Philou, c’était le second passage au sommet du Sirac. Arnaud, quant à lui, découvrait le sommet et du même coup il découvrit aussi la descente…..
Descendre du Sirac, ce n’est pas un mince affaire. Le cheminement est largement marqué avec des cairns et quelques spits dans les passages exposés. Une corde de 50 mètres est obligatoire pour les derniers rappels. Le glacier se retire à une vitesse grand V. Nous avions deux cordes de 50 mètres et le second rappel nous a posé à 5 mètres de la rimaye. Le glacier est en glace vive. deux ou trois grosses crevasses avant le long, très long pierrier pour rejoindre le refuge.
