L’Aconcagua, situé en Argentine vers la latitude 35° sud, est le plus haut sommet du globe se trouvant hors de la chaîne himalayenne. Il frôle les 7000 mètres. Exactement 6962 mètres sont inscrits sur votre écran de Garmin ou Suunto, lorsque vous foulez le plateau sommital. Et ce n’est pas une balade de santé, croyez-moi !
Je le connais que trop bien ce sommet andin, ! Mon premier passage remonte au mois de décembre 1990 ! Une large partie de mon histoire parcourt ces versants Est ou Ouest. Pas moins de 20 voyages de 3 semaines dans ce parc national. Bout à bout cela fait quasi une année de ma vie vécue dans l’univers minéral du géant andin.
13 passages au sommet me permettent vraiment de parler librement de cette montagne. Certes, quelques uns de mes amis guides argentins totalisent plus de 60 passages au sommets avec des clients. Montez-y une seul fois et dès lors vous pourrez vous rendre compte de la réelle performance !
Cette année encore, lors de la remontée de la « canaleta » je trouvais vraiment éprouvant cette section de l’ascension. Un test d’effort et de conviction à l’échelle inhumaine et personnelle ! Ne pas abandonner si proche du but ! Mais dieu que ce but est encore loin, tellement loin ! Le froid est mordant, les poumons brûlent, la vue est rivée sur ce bout d’arête sommitale 200 mètres plus haut ! Ça c’est l’Aconcagua !
Les poumons brûlent… Pas pour tout le monde !
L’Aconcagua, malheureusement ne transgresse pas l'(in)volution du monde de la haute altitude commerciale ! L’oxygène, l’OX, l’O2 a fait son apparition ! L’ascension est vendue avec l’appoint d’Ox dès 6000 mètres ! Il est bien trop tard pour s’insurger sur un tel manque d’éthique ! Je DÉTESTE cette involution qui n’a pour but que d’offrir des sommets au RABAIS dans le sens, éthiques, efforts, implications, découverte de soi et j’en passe !
L’Aconcagua de Fernand, mon client, incarne une ascension dite normale il y a 20 ans. Mais quasi exceptionnelle en décembre 2024 ! BRAVO Fernand, TOI, tu as réellement connu le goût de l’effort, du portage et de l’hypoyxie. Tu as vraiment découvert la très haute altitude en autonomie. Je ne me permettrais pas de parler d’ascension en style alpin, mais à bien comparer les autres « expés » autour de nous, nous en sommes pas loin.
Les derniers des Mohicans :
Je n’ai pas peur de me permettre cette comparaison ! Nous étions les SEULS à nous faire à manger dans les absides des tentes dans les camps d’altitude. Les seuls sans porteurs. Les seuls à pouvoir décider, en fonction des prévisions météorologiques ET de notre forme du moment, de réaliser l’ascension finale au départ du camp 2 à 5400 mètres et non du camp 3 à 5900 mètres. Un vrai luxe d’avoir ce choix ! MAIS un tel choix, une telle stratégie d’ascension se PRÉPARE ! Et ce n’est en aucun cas, l’oxygène en bombonne, les tentes chauffées, le wi-fi dans tous les camps ou encore les porteurs, qui assument votre autonomie, qui permettra cela !
Nous avons croisés un plus grand nombre de personnes qui arrivent en hélicoptère au camp de base et qui en repartent de la même façon ! Son contraire pourrait bien nous être attribués. Un sobriquet qui serait une vraie qualité d’andiniste ? Nous étions bien seuls à descendre la vallée de Las vacas au moment du retour !
Oui, je suis fière de la performance de Fernand et Jean Paul. Ils sont vécu une vraie expédition avec toutes les définitions qui collent à la peau de ce terme devenu bien trop « générique ».
Ce que je suis certain, dans ce monde qui s’éloigne du bon sens, c’est que le premier Aconcagua de Fernand et le 13 ème sommet pour ma pars, ont le même goût de l’effort. Un goût partagé dans nos regards nocturnes à plus de 6300 mètres. Nos doutes et ces instants d’une rare violence pour tester notre motivation. Ce fichu sommet, là sous les yeux, mais encore tellement loin à coup de 6 ou 7 pas avant le prochain repos.
L’Aconcagua sans aide, autre que ton guide ou ton collègue d’ascension, reste un combat personnel d’une rare intensité. (vidéo de l’ascension 2024)
Si vous vous identifiez à cette façon de pratiquer la haute altitude. Cette façon de fouler le toit des Amériques, je veux bien retourner là-haut avec vous. Mais sachez d’avance que nous seront bien seuls dans ce monde d’assistés en tous points !
Une fois là haut, il faut imaginer la descente. La journée est de loin pas terminée. Nous quittons le sommet vers 10h00. Nous passons par l’emplacement du camp 3, puis le camp 2 et notre tente. Les sacs s’alourdissent, la soif est bien là, mais la motivation de retrouver le camp de base est plus forte. Un dernier coup de collier et nous retrouvons le confort du camp de base vers 20h00. Une journée de 20h00 ! Grande classe de pouvoir boucler une ascension de l’Aconcagua ainsi !
Merci Jean Paul et Fernand pour cette aventure partagée ensemble !