Cascades de glace, faune sauvage et froid continental : les rocheuses canadiennes offrent un décor différent de nos terrains de jeu habituels. Avec Elodie, nous avons troqué chaussons d’escalade et corne aux doigts contre piolets, crampons et grosses doudounes. Cap au nord, à l’assaut du Grand Nord canadien.
Deuxième longueur de Cosmic Messenger avec en fond de décor le Mont Sarbach 3155m
La saison de la glace dans les Rocheuses s’étend généralement de novembre à mars, parfois jusqu’en avril selon les années. Planifier un séjour de trois semaines six à huit mois à l’avance reste toujours un pari délicat tant les conditions peuvent varier. Sur les conseils d’Alex et Jérôme, nous décidons malgré tout de tenter l’aventure.
Banff : premières sensations de glace
Notre première semaine se déroule autour de Banff, ville emblématique de l’Alberta, réputée pour son tourisme et la diversité de ses activités outdoor. L’offre d’hébergement y est large, avec de nombreux lodges proposant chambres ou petits appartements avec cuisine. Une option idéale en hiver, notamment pour faire sécher le materiel après de longues journées dans le froid.
Côté glace, les conditions se montrent encore timides durant cette première semaine. Le froid, en revanche, est bien installé. Il faut savoir patienter. Nous profitons malgré tout de belles lignes, avec notamment Twisted Sister, Chalice and The Spoon et Low Ranger dans la Spray Valley, ainsi que Murchison Falls et Virtual Reality le long de la mythique Icefields parkway (Promenade des Glaciers).
Jasper: solitude et faune sauvage
La deuxième semaine nous conduit plus au nord, à Jasper. Egalement classé parc national de l’Alberta, le lieu est nettement moins touristique. A cette periode de l’année, le village semble presque désert, nous offrant une ambiance unique et sauvage.
La faune canadienne est omniprésente, des wapitis se déplacent librement en pleine ville, tandis que des orignaux traversent tranquillement les routes de montagne. Observer ces animaux majestueux à seulement quelques mètres est une exprience inoubliable.
Impossible toutefois d’ignorer les souvenirs des terribles incendies qui ont ravagé la région en 2024. Des hectares entiers de forêt portent encore les traces de cette catastrophe, laissant une impression de profonde tristesse face à l’ampleur des dégâts.
Les conditions de glace étant encore limitées à Jasper, en raison d’une altitude légerement plus basse, nous écourtons notre séjour dans ce secteur. Nous grimpons néanmoins Shade of beauty et Cosmic messenger le long de l’Icefields Parkway. C’est une route emblématique des rocheuses canadiennes et qui, à elle seule, mérite le voyage.
Une éthique différente de l’Europe: grands espaces ou glace fragile ? Sans doute un mélange de ces deux réalités
Chez nous, en Europe, il n’est pas rare de voir plusieurs cordées évoluer simultanément dans une même cascade de glace. La saison est courte, les conditions parfois rares: quand elles sont là, on y va.
Cette année, dans les Rocheuses canadiennes, nous n’avons pas trouvé autant de glace que nous l’espérions et il nous est arrivé, à quelques reprises, de partager une cascade à deux cordées. Après discussion avec les locaux, nous avons découvert une approche très différente: ici on ne grimpe jamais derrière une autre cordée. Soit on attend, soit on va ailleurs.
En Alberta, la glace subit de très forts écarts de température; jusqu’à 20 à 25 degrés en une journée ( -30°C la nuit, -5°C en journée). Dans ce type de climat continental, la glace est bien plus fragile que dans des régions aux températures plus stables.
Une règle simple s’est donc imposée: on indique sur son véhicule le nom de la cascade que l’on est en train de grimper. Les grimpeurs du Grand Nord peuvent se le permettre: en conditions normales, ce ne sont pas les cascades qui manquent ici. Rien que sur l’Icefields parkway, on recense plus de 130 itinéraires.
Vous pouvez retrouver tout ces itinéraires sur l’application de Will Gadd.
Lake Louise: idéalement centré
Pour nos derniers jours dans les Rocheuses canadiennes, nous installons notre camp de base à proximité de Lake Louise. Station de ski de renomée internationale, également par son lac emblématique et par ses nombreuses possibilités de ski de randonnée.
Nous choisissons de consacrer nos dernières heures en Alberta à grimper plutôt qu’à visiter. Au programme: Spray River Falls, magnifique et longue cascade et Kidd Falls avec en prime la première longueur au soleil, le luxe ! La dernière journée sera quant à elle dédiée à la visite de Calgary.
Conditions
Peu de neige dans les Rocheuses canadiennes en ce début d’hiver. Cela a facilité les longues, voire très longues approches vers les cascades. Des raquettes ou des skis de randonnée peuvent toutefois être nécessaires selon les itinéraires plus tard dans la saison.
Rensignez-vous régulièrement sur les conditions nivologiques sur le site Avalanche Canada. De nombreux itinéraires sont exposés et potentiellement dangereux. En cas de fortes chutes de neige, il convient également de rester attentif aux éventuelles fermetures de routes. Toutes les informations sur 511.alberta.ca. Une nuit dans la voiture par -30 °C ne serait pas agréable!
Animés par l’envie d’aventure, dans le respect de l’éthique locale et de la faune sauvage, les Rocheuses canadiennes nous ont offert à Elodie et à moi des souvenirs impérissables…