La Buitrera, une fois de plus aura été notre bol d’oxygène de fin d’année. Ce canyon, je me plaît souvent à le dire, s’il existait en Europe, deviendrait l’un des spots majeurs du vieux continent. À la hauteur d’un Verdon ou d’un Kalymnos.
Seulement voilà, les locaux ont moins de moyens que nous pour le développer ! Et son accès n’est pas des plus rapide.
La Buitrera est aussi le nom du camping qui se trouve à l’entrée du canyon. La famille Moncada reçoit les grimpeurs sur leur terrain avec leurs moyens et leurs savoirs faire. A nous de s’en imprégner quand nous arrivons chez eux, c’est toujours des moments de bonheurs intenses et d’une simplicité déconcertante. À l’image des sourires incroyables de la photo d’entrée de l’article, Cristian, Leandro et Mario qui sont » los domadores » de ce « padrillo ».
Los Domadores, veut dire, les « dompteurs » du cheval. Ils viennent de le trouver sur leurs terres et l’animal n’avait aucun marquage d’appartenance. De ce fait, ils ont passés trois ou quatre jours à éduquer ce canasson. Nous avons eu la chance, durant une journée de repos, d’assister au travail que nos amis gauchos ont réalisé.
Traîner sur les terres argentines, veut aussi dire qu’une partie de vos repas pourrait être composée d’un asado. C’est bien propre à leurs habitudes culinaires. Cette « grillade » n’a rien à voir avec nos viandes fades et trop rapidement grillées. L’art de l’asado existe bien c’est une réalité. Un savoir faire totalement argentin à déguster impérativement. Il faudra vous armer de patiente si vous avez faim, nous parlons bien de « grillades lentes » comme de cuissons lente… Vous soupez à 23h30 au plus tôt…
La Buitrera c’est aussi des longueurs magiques, un rocher totalement incroyable qui demande un moment d’adaptation. Il est vrai que vos premières longueurs dans les alvéoles ensablées de certain secteur, demandent une bonne dose de confiance. Si par malheur vous poussez l’expérience jusqu’au vol au dessus du dernier point, vous comprendrez mes quelques mots. Mais ces points d’assurance tiennent, je peux vous le confirmer. Cependant je sais que vous allez crisper un maximum avant de lâcher.
Cette formation alvéolaire apporte passablement d’avantages. Le premier de ceux-ci réside dans l’escalade ludique et verticale pour des personnes débutantes. Une des richesses incontestables de la Buitrera se trouve dans la diversité des orientations des secteurs et la variété des cotations. De 4a à 8b ou peut-être plus !
Quelques mots chargés d’histoire : En 2012 Petzl s’installe à La Buitrera pour un roc trip. La frénésie de certain ouvreurs donne naissance à l’un des secteurs d’escalade les plus importants de l’Amérique du Sud. Avant le roc trip, il traînait une petite soixantaine d’itinéraires, longues voies et moulinettes inclues, entre le canyon et la Piedra Parada. Actuellement nous dépassons certainement les 500 longueurs et il reste des solutions incroyables d’ouvertures…
La Piedra Parada se trouve à l’entrée du Canyon de La Buitrera. Vous évoluez dans un parc régional avec de petites règles comme dans tous les parcs naturels et lieux naturels. Déchets, papiers, feux, camping etc…. évidement prohibés. De toute façon j’aime croire que si vous entrez une fois dans ce canyon, jamais vous aurez envie d’en abîmer son écho-système.
Comme expliqué un peu plus haut dans ces lignes, La Buitrera propose toutes les orientations pour tous les grimpeurs. Un des secteurs les plus fréquentés est Ortigas. Il est totalement à l’ombre et propose une trentaine de longueurs dont certaines touchent la perfection. Toutes les voies oscillent entre le 5c et le 7b pour le moment. De nouveaux itinéraires ont vu le jour. La photo ci-dessus complète le topo existant….Si vous arrivez encore à trouver ce bouquin, mais c’est un autre sujet !
A coté du secteur d’Ortigas, il y a le secteur Cañadon Angosto qui propose plusieurs voies entre 6a et 6b. Excellent passage de « chauffe » Cependant le must de ce secteur sans contestation aucune sera de réaliser les deux longueurs d’ A veces si a veces no en une seule longueur de 55 mètres. C’est vraiment grande classe. Maximum 6b, protection aérées et fractionnement possible pour la descente.
La Buitrera est passablement fréquenté par les grimpeurs de tout le continent. Vous aurez aucune peine à parler portugais avec des Brésiliens, ni à perfectionner votre espagnol avec des Chiliens ou Argentins.
L’échange des contacts remplissent souvent vos agendas avec la richesses des rencontres. En 2019 nous avions rencontré Adèle et Nico, qui, depuis, font partie de nos proches.
Vous avez envie de monter un peu plus haut que les 40 mètres de certaines longues moulinettes ? C’est possible mais malheureusement pas encore suffisamment développés dans les gorges. Cela dit, il existe une petite dizaine de longues voies. Seulement 2 d’entre elles ne flirtent pas avec le 7b ou plus. La première, » La chimenea de los franchutes » plafonne à 6a maximum pour 4 longueurs. Génial me direz vous… Oui, mais il y à que 5 points en tout ! Ajoutez les friends, coinceurs et casque dans votre sac à dos… Cette année fût la seule et unique fois que nous avons vu une cordée dans cet itinéraire. Deux grimpeuses, une cordée brésilano-espagnol armée de courage.
El sexto elemento est LA ligne en 6b/6c de quatre longueurs à réaliser. Nous avons toujours un immense plaisir à remonter ses longueurs. Jusqu’à présent souvent loin du monde, cette constance à l’air de prendre l’eau. Cette année nous y avons croisé d’autre cordées et nous y avons vu plusieurs grimpeurs durant notre séjour.
Connaissant bien l’agressivité du rocher et la fatigue accumulée par certain jour de grosses chaleurs, il est probable en novembre d’avoir 28 ou 30 degrés, nous avions instauré un rythme 3 jours de grimpe pour 1 jour de repos au minimum. Les journées de repos sont souvent utiles pour aller compléter votre garde manger. Mise à part la petite épicerie du camping, le premier magasin sérieux est à 120 km. Alors anticipez un peu…
Nous aurons passé deux jours de repos vers Esquel. Pour aussi profiter des amis qui vivent dans cette petite ville fort agréable. Après avoir complété notre garde manger, nous avons réalisé une petite escapade vers la Laguna La Zeta. Un délicieux paysage et une forte envie de passer plus de temps dans ce coin.
La Buitrera c’est aussi la garantie de voir et partager des couchés de soleil totalement improbables. Mise à part une modification de l’ouverture de mon appareil photo, je n’ai absolument pas travaillé l’image ci-dessous. Le seul problème est que ces lumières arrivent souvent au moment du souper…Il vous faudra sortir de table pour capturer ces instants. Et selon qui vous aurez à table, vous y laisserez un bout de votre asado…
Il existe plus de 30 secteurs dans tout le canyon de La Buitrera. Du camping au secteur le plus éloigné il faut compter 35 minutes de marche. Vous pouvez tout faire sans prendre de véhicule. Part contre il vous faut un transport organisé ou louer un véhicule pour arriver sur place. De plus si vous devez vous ravitailler durant le séjour.
La Buitrera est à 120 km d’Esquel, première petite ville ou vous pourriez arriver en avion ou en transport publique. Un séjour dans ce paradis demande un peu de logistique. Mais une fois sur place, la magie opère largement. Il y à pas de réseau, mais il est possible d’acheter, au camping, quelques minutes connectées .
Évitez les mois de décembre et janvier pour la chaleur et la fréquentation. Et n’hésitez pas à jouer avec l’ombre et le soleil, le vent et la chaleur, les heures de départ et de retour. Profitez du maté quand il se présente, regardez vivre la faune du coin, promenez-vous dans les gorges, visitez les alentours ou encore préparez un asado. Dans tous les cas il y à que du bon temps à prendre. Ce coin est magique.