Dans le Vercors, il y a toujours une solution, quelque soit le temps! Un premier jour de grand beau, un deuxième de grosse pluie: deux voies magnifiques.
Donnée météorologique du samedi: grand beau, pas trop chaud, pas orageux. Solution grimpante: « La revanche de l’Urgonien » à la Petite Soeur Sophie (Deux Soeurs). Un choix sensé pour aller grimper avec Sophie! Une voie historique sur pitons avec du bon rocher, du moins bon rocher, de la recherche d’itinéraire, un tracé intelligent, un certain engagement, une solitude quasiment assurée, une sortie au sommet et une descente à pied: tout ce que j’adore dans le Vercors.
« La revanche de l’Urgonien », Sophie:
Sur la carte IGN, le parking se trouve au lieu dit « La Rousse », sur la route de Mauret au-dessus du Col de l’Arzelier. Prendre le chemin qui monte en direction du refuge La Soldanelle. Du refuge, prendre le large chemin qui part sur la gauche et, au niveau d’un replat (vieille carrière), prendre le chemin non balisée qui remonte en épingles l’arête herbeuse en direction d’Agathe: ce chemin mène à toutes les voies d’Agathe et de Sophie (ne pas prendre celui qui part à plat à droite, balisé). Passer sous le Col des Deux Soeurs puis sous la raide face sud de Sophie. La voie se trouve en face sud-est, quelques mètres à droite de la Voie des Cheminées (qui commence dans une large cheminée en ascendance à gauche), sur une petite croupe, avec un spit de 8 à deux mètres du sol. L’itinéraires n’est pas très complexe, mais c’est du terrain d’aventure à gérer avec un peu de flair. Le topo de Duhaut « Vercors », Chartreuse et Devoluy » est excellent. J’ai fait L6 en deux longueurs, c’est plus confort ainsi.
Matériel: prendre un jeu de friends jusqu’au 2 (Camalot jaune), quelques coinceurs et des cordes à double pour gérer le tirage. Ceux qui se vantent de pouvoir grimper ce genre d’itinéraire sans coinceurs ne sont pas raisonnables: les pitons sont vieux, souvent éloignés, le rocher est parfois très instable et la retraite en cas de blessure est plus que problématique… Et c’est un tel plaisir que de s’amuser à trouver de bons emplacements de protection que je ne comprends pas pourquoi on s’en priverait!
À la sortie (L12), une fois rejoint le sommet du petit pilier par son arête, faire relai ici puis effectuer encore une petite longueur dans les rochers menants à la combe herbeuse vingt mètres plus haut: un relai sur deux pitons permet de mettre les chaussures et se préparer à continuer en corde courte ver le sommet.
La descente se fait à pied, via le Col des Deux Soeurs puis par le même chemin qu’à l’aller. Attention en début de saison où des grand névés peuvent persister sous le col: c’est raide et expo. Un petit piolet peut être utile. Comptez 1 heure d’approche, 5 heures pour la voie, 30 minutes pour rejoindre le sommet et 1h30 pour rentrer au parking depuis le sommet.
Le lendemain, la météo change du tout au tout: c’est pluie! Après une soirée et une nuit chez nos amis du fantastique gîte « Entre Ciel et Pierre » à Presles, on se dirige vers un itinéraire atypique qui se révèlera bien mythique:
« Le fou qui repeint son plafond », Presles:
Hormis la marche d’approche et la dernière longueur, cette voie est totalement à l’abri de la pluie. Neuf longueurs de grande ambiance: c’est quand même la classe! Après une petite marche d’approche, une longueur « alpine » en chaussures (grimpe aisée et cordes fixes), vous vous engagez pour trois ou quatre longueurs (dépend de comment vous gérez la longue traversée sur la droite en 5c/6a… qui peut se faire en une seule longueur de 50 mètres) de magnifique libre sur un rocher splendide. De là, vous pouvez redescendre en deux rappels. La suite: trois ou quatre longueurs d’artif fantastiques (la traversée sous les toits peut se faire en une seule longueur, prendre alors environ 25 dégaines) et une longueur (sous la pluie cette fois…) de 5c, protégé sur spits neufs.
Un tout nouveau topo, également de Dominique Duhaut, vient de paraitre pour Presles: vous y trouverez toutes les informations nécessaires. Mais je me permet quelques compléments:
- Matériel: 25 dégaines pour enchainer les deux longueurs d’artif sous le toit en une seule, deux étriers par personne pour la première longueur d’artif (la suite se fait en tire-clou, avec les chaussons: il y a de bons pieds pour avancer dans la traversée) et les Camalots 0.4, 0.5, 0.75 et 1 (du gris au rouge) afin de compléter certaines zones où il manque des pitons (principalement tout au début et à la fin, le reste est top, contrairement à certaines rumeurs).
- Bernard Gravier (merci à lui!) a équipé récemment le relai de sortie des longueur d’artif en spits de 12 (en cas de sortie sous la pluie, vous serez content d’avoir un relai facile à gérer…). Lors de notre visite (9 juin 2019), deux plaquettes avaient été retirées (!). Bernard vient (17 juin) de réinstaller le relai. Merci à lui pour sa réactivité. Cela a du sens et n’enlève rien au caractère de la voie…
- Descente: la descente par les rappels de Digitubus est bien plus confort et rapide que celle décrite dans le topo (du sommet de la voie, suivre la vire sur la gauche, via d’abord une petite corde fixe descendante puis en traversée horizontale, jusqu’à une belle terrasse avec un relai chaîné au dessus, c’est évident puisque c’est impossible d’aller plus loin, 3 rappels de 50m vous mènent sur le chemin).
Décidément, je kiffe grimper dans le Vercors. C’est calme, beau, sauvage, parfois un peu engagé, souvent long et toujours raide… Il y a de tout dans cette région en matière d’escalade: de la moulinette à la longue voie, du vieil itinéraire historique sur pitons à la nouvelle voie dure bien équipée. C’est également une magnifique région pour découvrir l’escalade parce qu’il n’y a pas que des itinéraires difficiles. Et passer chez Dominique et Bernard est toujours un grand plaisir… C’est même là qu’Helyum est né!