Fouiller un peu les archives de la famille, selon le sujet, il pourrait en ressortir de petits trésors. La famille Carrard, dont je représente l’avant dernière génération, ne passe pas à côté de son lot d’histoires alpines, andines, himalayennes ou maghrébines ! Un voyage dans quelques chapitres familiaux.
Première évidence, je ne suis pas historien et les documents que je retrouve, sur les histoires alpines de la famille, ne remontent pas plus loin que mon grand-père, Pierre Carrard ( 1898 – 1949 ). L’alpenstock qui orne l’entrée de l’article et mon mur est l’un des rares témoignages dont je dispose de ce grand-père.
Les voyages en skis, ne sont pas dans mes gènes pour rien ! Mon grand père visitait une partie de l’Algérie ski aux pieds en 1942 ! Oui vous avez bien lu Algérie et ski ! Un nom et un mot qui n’ont pas vraiment l’habitude d’être dans les mêmes sujets, et pourtant : Pierre, écrit en 1945 un compte rendu de plusieurs pages, dans la revue du club alpin Suisse, concernant ses escapades maghrébines, skis aux pieds.


Ce que je sais de mon aïeul ne rempli pas les chapitres d’un livre ! Visiblement, il était ingénieur civil, impliqué au club alpin Suisse, section des Diablerets. Il vivait avec sa famille vers Bex. Paraît-il qu’il pilotait des bi-plans ? Et qu’il aurait fait l’arête des quatre ânes à la Dent Blanche, avant la second guerre mondiale ! Ce qui serait une belle performance alpine. Ce dernier fait est impossible à vérifier ! Il a donné vie à trois enfants ; Vincent, Danielle et Anne.


Pierre est décédé en montagne durant l’année 1949. Ce départ prématuré n’empêchera pas mon père et l’une de mes tantes, Danielle, à garder un intérêt réel pour les aventures alpines et pré-alpines. Les deux vont créer une cordée étonnante et sacrément efficace. Ils ne seront pas toujours ensemble dans les expériences d’altitudes ou les ouvertures, mais ils se suivent de près. Voir, ils reprennent des itinéraires de grandes ampleurs.
1951 : Walter Bonatti et Luciano Ghigo ouvrent une voie d’ampleur dans le Grand Capucin. La “Bonatti” du Grand Cap, c’est pas une petite entreprise. Vincent et Danielle, reprennent cette voie durant l’été 58. Une performance notable ! C’est la seule “grande ascension” de mon père et sa soeur, que nous avons en commun.
Le clap de fin de l’alpinisme de bon niveau, pour Vincent et Danielle, surgit au milieu des années 60. En 1964 plus exactement. Lors de l’ascension de la Cassin en face Nord-Est du Badile, Mon père et ma tante essuient une grosse chute de pierre alors qu’ils se trouvent au centre de la face. Leur cordée a été retardée par une cordée allemande. Ce retard et cette cordée aura été leur salut ! En effet, la cordée allemande à “encaissé” une grosse partie de la chute de pierre, protégeant mon futur géniteur et sa soeur ! Le sauvetage qui en à découlé, aura fait couler passablement d’encre. Mon père, pied fracturé, restera deux jours en paroi, avant que ses sauveteurs italiens ne le récupère en passant par le haut ! Après cette expérience, Vincent et Danielle stoppent l’alpinisme proprement dit !

La suite est classique ! Dès que possible, j’ai partagé quelques sorties en montagne avec mon père. Du temps sur les skis, puis en randonnée et quelques longueurs de rocher. Nous sommes passé par “la Carrard” de la face sud du Grand Pouce dans les Gastlosen. C’est certainement la plus belle voie qu’il a ouverte. Quand à moi, au moment ou nous avons repris sa voie, j’avais 14 ans et j’ai souffert de la chaleur comme jamais. Le souvenir de cette sortie est brulant !
Des ouvertures d’itinéraires avec notre nom de famille, il en existe quelques uns qui traînent sur la planète bleue. Rien de mirobolant, même que la dernière en date, de voie Carrard, c’est plutôt un clin d’oeil de mes amis ! C’est pas l’unique point que j’ai mis dans cette ligne de mixte qui mérite un tel honneur. Merci Taf et Lolo 🙂
Si je dois garder un avis objectif sur les itinéraires qui portent mon nom et qui sont de qualités, je pense que ce serait les trois “topos” ci-dessous. Ils ont chacun leurs petites histoires et les noms attribués aux lignes ouvertes correspondent à des périodes précises de la vie.


La dernière balade digne de porter le nom de nouvelle voie, ce trouve aux confins du Népal. Nous étions partis pour totalement autre chose. Comme pour beaucoup d’expéditions, le programme évolue et prend, certaines fois, des tournures surprenantes. En 2012, avec Taffon, Philou, Pierre et Mathieu, ce fût un hold-up. Je suis quasiment certain que cette ligne n’existe plus, tant les conditions sèches à vue d’oeil dans cette partie du globe. Le nom de la voie est son second nom ! Elle devait se nommer : “Carmen aux pauses” et porte ce dernier dans mon coeur !


La dernière génération de la famille, ne supporte pas vraiment les chaussons d’escalade, ni les trop longues journées d’efforts ! Sauf si il y a des belles courbes à tracer dans cette matière blanche, que je nommerais ; Neige ! Victor, mon fils est, quant à lui, nettement plus tourné vers la glisse. Ce qui nous aura déjà permis de partager des moments incroyables en montagne. Des échanges intergénérationnels qui constituent la suite de l’histoire Carrard.


Comme la vie est une certitude de probabilités, la suite, ce sera principalement à Victor de l’écrire 🙂
