Zoom sur la dernière étape de notre « haute-route » improvisée en compagnie de Philippe. Le projet initial était une haute-route de Juf à Disentis mais dame nature en a décidé autrement comme souvent… Ceci dès le premier jour, semant le chaos dans toutes les réservations des cabanes suivantes. L’itinérance sur un fil va laisser place à un vagabondage improvisé au jour le jour.

Après avoir passé quelques jours à découvrir la vallée de Juf, nous avons traversé ski aux pieds vers Bivio où nous avons profité de belles conditions jusqu’à l’arrivée d’une puissante tempête venue du Sud. Cette dernière nous a incité à migrer plus au nord. Mais où? Les Grisons sont si vastes! Après maintes réflexions c’est décidé, nous prenons le train pour Langwies.

Notre étape commence par traverser le joli petit village de Langwies. Un petit ruisseau de rien du tout m’intrigue. Je parie à Philippe qu’il doit bien y avoir quelques truites là-dedans. Quelque secondes plus tard je gémie tout excité: « Oh la belle truite vient voir Philippe »! Quelques pas plus loin, rebelote. L’été dernier j’ai emmené Philippe à la pêche, heureusement il connait la frénésie que ce poisson me procure et n’est pas trop surpris de me voir les yeux scotchés sur ce petit pissot pendant toute la montée.

Comme depuis le début du périple, nous prenons le temps à chaque traversée de hameaux d’observer les beaux chalets et autres constructions authentiques grisonnes. Philippe n’est pas un excité du chrono, il aime flâner et s’imprégner des lieux et ça me plait aussi. Ça tombe bien, aujourd’hui nous n’avons que 2 petites heures de montée pour atteindre la charmante auberge du Heimeli, alors nous faisons une halte dans un bistro avant de se frotter au mauvais temps.

Le voyage en train puis la montée pittoresque au Heimeli occupera à merveille cette journée tempétueuse. Aucune envie d’aller plus haut, le vent et la neige nous ont déjà fait courber l’échine la dernière demi-heure, juste de quoi savourer l’arrivée dans ce nid douillet.

Une piste damée permet à l’aubergiste de ramener à dos de moto neige quelques touristes en fourrures de Davos et d’Arosa pour profiter de ce lieu magique. Apparemment les free-rideurs venant de Davos ont aussi coutume de passer par là, mais ce soir là, pas de foule, la tempête a vidé la montagne pour notre plus grand bonheur. Seul 3 Allemands avides de cervoise et une famille partageront notre toit.

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Le coucher de soleil donne un avant goût du lendemain…

Le cadre est splendide, le mauvais temps a tout lissé. Quelle chance de faire la trace dans ce décor!

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Le col entre la Zenjiflue et la Weissfluh est en ligne de mire.

Au début du séjour, Philippe m’a rapidement fait comprendre qu’il n’avait pas envie d’avoir mon postérieur collé devant ces spatules toute la journée. En tant que bon guide suisse bien formaté, je lui ai répondu que c’était pour donner le rythme et patati et patata… Finalement à plusieurs reprises, je marche une centaine de mètres devant Philippe dans les passages bénins. C’est un vrai régal de contemplation, chacun est dans sa bulle. Encore mieux qu’une retraite de yoga même si je n’en n’ai jamais fait. Et c’est avec plaisir qu’à chaque pause on se retrouve pour partager nos émotions. Nous arrivons aussi zen que l’objectif du jour: la Zenjiflue !

Puis on se laisse glisser (on pousse un peu avec les bâtons aussi) dans le long vallon de Fondei qui nous en met plein les mirettes.

Cette boucle viendra clôturer en beauté nos 7 jours de ski à travers les Grisons. Un grand merci à toi Philippe pour ta bonne humeur et ton perpétuel enthousiasme ! Quelle chance d’avoir pu partager avec toi ces moments privilégiés, comme ton récital, skis aux pieds, au rythme de la montée, du poème « Cet amour » de Jacques Prévert.

« … Cet amour beau comme le jour et mauvais comme le temps quand le temps est mauvais … »