Le ciel est gris, je voyage au travers de mes écrits. Certaine bafouille remontent à des années. Quel plaisir j’ai à relire quelques vieux passages d’escalade, quelques anciennes voies. Sortir à nouveau de mon cortex quelques poussières de souvenirs incroyables. Bien avant l’arrivée de notre blog sur la toile, j’envoyais trois à quatre fois par année, par mail, des bribes de textes à mes clients.
Aujourd’hui je suis retombé sur : » Et si ce sera vrai« . Il aura fallu peu de temps pour que la réalité rattrape une partie de cette fiction, c’est désarment.
Cette fiction à été écrite en 2007…
Nous sommes en 2357, le glacier des Bossons touche l’Arve, la Dôle n’est plus qu’une calotte glaciaire et le « petit lac » gèle trois mois par hiver. L’ère glaciaire, annoncée en 2196 par les scientifiques est en pleine progression. Les sports d’hiver occupent la moitié du temps de tous les habitants de l’Alpes-Lémanique ce district européen qui regroupe les villes de Genève, Chamonix et Annecy.
L’humain, en pleine mutation génétique, ne craint plus le froid. Son épiderme est parcouru de résistances qui lui permettent de se climatiser à la température voulue. Il retrouve le plaisir de la légèreté quand il est en course de montagne : Une goutte d’eau nous hydrate pour 3 heures. Le chocolat est l’aliment de base, un carré nourrit un homme, pour 24 heures.
Le ski existe toujours, nous skions tous les jours dans 30 cm. de neige « poulveuse » (poudreuse étant du vieux français). Cette neige est programmée, toutes les nuits, dans chaque station. Les émanations des gaz en tout genre, sont réutilisées pour la création de ces 30 cm. de neige journalier cité ci-dessus. Ce qui réduit de façon drastique les émanations polluantes. Ce qui à aussi accéléré l’arrivée de cette ère glaciaire…
Heureusement, les espaces de liberté, accessibles en randonnée, existent encore. Il y en a deux : Le massif des Combins et celui de la Bernina. Les autres lieux ne sont pas interdits, mais dangereux. La liberté y est trop grande… Il y vit des ours, des loups, des lynxs, une faune complète et des hommes. Ces derniers vivent en autarcie et en peuplade, au rythme de la nature et des saisons. Cette vie est enviée par les résidents du district.
Nous ne trouvons aucune animosité entre les résidents et les « libert’airs » ( nom donné au non-résident).
Les libert’airs se déplacent souvent, en hiver, en goultrottant. Goultrotter désigne la pratique de l’escalade en goulotte, mais au pas de course. Les lignes de glace, présentes plus de 10 mois par année sont, souvent les axes les plus directs.
Ainsi, nous allons faire nos achats, pour les produits du district « alpes-venice », en passant par la grande classique de la face nord des Grandes-Jorasses, la voie « No Siesta ». Une heure dix d’escalade, facile, nous évite l’attente à l’embouchure des triples tunnels passant sous les Alpes. Ces tunnels, sous vide d’air (incendies et explosions impossibles), demandent une préparation de plus d’une heure, à l’entrée. Ce qui rend les déplacements, inter-districts, longs et fastidieux.
Tout le monde s’accorde pour dire que la qualité de vie est bonne. La paix est revenue dans le monde depuis plus d’un siècle, suite au traité de Genève sur la fin des agressions sous toutes formes, de l’humain envers l’humain et son écosystème. Les « libert’airs » ne sont point des gens dangereux, ils désirent uniquement garder les bonnes coutumes ancestrales.
Nous trouvons grâce à eux, sans peine, les fromages de chèvre, le miel, les fruits de saison ou autres produits indispensables aux bonnes tables. Certes certains de ceux-ci sont importés, depuis l’Afrorient. L’Afrorient est le continent africain touché, depuis l’an 2076, par le Moyen-Orient.(Séismes et rencontre des plaques. Pas de mort, il était prévu !) Ces importations ont rééquilibré les échanges économiques entre le sud et le nord.
La terre évolue, les Alpes grandissent, le Mont-Blanc n’est plus le sommet principal de cette région, ses concurrents sont : le Cervin, le Salève et la Meije, tous plus hauts. Respectivement, 5678 m. 5891 m. et 6013 m.
Sur ce point, d’ailleurs, l’histoire alpine est bousculée. Depuis quelques années l’Everest perd des mètres. Il n’est plus qu’à 7356 m. Les « hommes les plus hauts du monde » des siècles passés, ne le sont plus. L’Aconcagua ravit le titre, avec ses 9412 m. Mais cela n’a aucune importance.