Normalement, je devais être au Pérou à ces dates. En mode camp de base, camps d’altitude et portages, pour le bien de nos estomacs et de nos nuits. Le voyage est reporté pour les raisons que nous connaissons tous !
Quand Yann a mentionné sur notre groupe WhatsApp « Conditions Helyum » que, de visu l’arête des 5 tours au Stockhorn paraissait sèche, photos à l’appui, je me suis dis que c’était une belle idée pour l’Ascension. Je parle bien du week-end de l’Ascension !
Après avoir contacté Simon, le « gardien » du refuge, j’ai appris que le second pont, pour l’accès au bivouac, n’était pas encore en place ! Un défi de plus ! Cela me motivais de monter au bivouac sans pouvoir utiliser l’accès traditionnel. Simon m’a confirmé qu’il existe une possibilité de rester en rive droite pour l’accès. Faudra juste improviser un peu dans les » rhodos » me dit-il !
L’improvisation, nous l’avons bien sentie… Un accès en mode expédition. Exactement comme je l’espérais ! Laurent, mon second de cordée, a totalement assumé ma proposition de course avec son accès quelque peu original… 🙂
Le bivouac est en parfait état. Il y avait tout pour rester plusieurs nuits. Les névés autour de ce dernier nous ont grandement facilité la vie pour le soucis du coin : l’eau.
L’arête des 5 tour du Stockhorn est en excellentes conditions actuellement. Le plaisir de découvrir cette course, que presque tous mes collègues ont déjà réalisé, fût bien réel.
Seuls dans tous le massif, cela rendait vraiment l’impression d’être en expédition.
Commencer la saison estivale le week-end de l’Ascension et avec des conditions exceptionnelles, cela ne m’était jamais arrivé, si je réfléchis aussi loin que mon horizon me le permet.
La course en elle-même est magnifique. Elle se déroule pratiquement toujours sur un bon rocher. L’équipement en place est abondant et de qualité. La grosse difficulté se trouve lors de l’ascension de la cinquième tour. Le topo C2C est efficace.
Au passage, la première réalisation est quand même due à de sacrés alpinistes : R.Lambert, R.Dittert, R.Aubert, entre autre. Ouverture datée du 17 juin 1945 ! Alpinistes et époque incroyables !
Nous avions une corde de 50 mètres, qui suffit pour réaliser un seul rappel entre la 4 ème et 5 ème tour. Quatre Friends, des coinceurs, quatre longues sangles et neuf dégaines.
Pour notre cordée en ce 22 mai, sept heures auront été utilisées pour aller toucher la croix sommitale.
La descente nous aura plongé à nouveau en mode expé…. Beaucoup de neige en versant nord, juste sous le fil de l’arête. Nous avons brassé jusqu’à la taille dans certains passages. Après la brèche cotée 3060 mètres, l’itinéraire passe en versant sud. Nettement plus agréable ! Par contre, les points bleus qui marquent l’axe de descente, étaient sous les névés. Une petite improvisation supplémentaire dans la descente nous a, pour la troisième fois du séjour mis en mode expédition.
La descente nous aura pris deux fois plus de temps que l’indique le topo.
Que cela tienne, nous sommes resté une nuit de plus au bivouac, c’est tellement beau !
Une course que j’ai découvert grâce à mes collègues, c’est vraiment enrichissant de collaborer avec des personnes motivées qui partagent continuellement leurs savoirs.
Une réussite complète que nous avons vécu avec Laurent. Une petite expédition dans nos Alpes. Une première course majestueuse pour le début d’une saison estivale que je souhaite excellente pour tous les amoureux des grands espaces.