Voilà bien longtemps que je me réjouissais d’aller visiter cette voie mythique qu’est la Paroi Rouge d’Archiane! C’est chose faite avec Sophie… et c’est mythique!
Cette voie a été ouverte en 1965 par messieurs Conod, Fresafond et Leprince-Ringuet… Des très grands! Parce qu’en la grimpant en 2019, il faut s’imaginer s’y lancer il y a cinquante ans: protections sur pitons et coins de bois, aucune information sur les difficultés, une raideur rarement rencontrée dans ces difficultés et rocher typique du Diois (c’est-à-dire parfois franchement douteux!). Sincèrement, je suis totalement admiratif de nos pères…
La « Paroi Rouge » débute depuis la vire médiane du Rocher d’Archiane. Et ce départ n’est pas le plus accessible des départs! Vous devrez donc choisir entre « péter un plomb » à remonter le caillouteux couloir Est et « péter un plomb » à grimper l’inintéressante Voie des Lyonnais. Ça fait rêver hein?! Nous avons opté pour la deuxième option… Péter un plomb pour péter un plomb, autant le faire en grimpant.
La Voie des Lyonnais
Au risque d’insiter: considérez cette voie comme un accès… L’accès à pied est le même que pour la Livanos, une fois passé celle-ci, continuez sur environ deux cent mètres et repérez un dôme sans arbres de petits escaliers rocheux avec des cailloux posés dessus. Continuez au bout de cette zone et, via une vire (un peu expo), passez derrière le pilier: au bout de la vire vous trouverez un spit doré, c’est le départ. L1: évidente, suivre les spits. L2: sur le pilier au-dessus du relai, relai sur arbre. L3: traverser vers le couloir et bien tenir la gauche, relai après une petite dalle (spit). L4 et suite: évident sur le pilier puis en ascendance à gauche sur la rampe (qui passe par un petit collet avec une petite redescente), relai sur un arbre à la fin. Voilà, ça, c’est fait! Comptez quatre heures tranquilles d’Archiane au sommet de la voie. Attention, le dessin du topo du Diois est tout faux…
De là, remontez l’évident couloir au-dessus à gauche (marche en corde courte), passez le petit pas d’escalade puis la barme. La voie commence au-dessus du jardin suspendu de la croupe évidente.
La Paroi Rouge
Arrivée dans un autre monde! Après avoir fait la première longueur (commune avec le Dièdre gris, spits), la longue traversée sur la gauche met dans l’ambiance! La première « vraie » longueur commence au niveau du deuxième arbre (spit).
Je ne vous fais pas le détail des longueurs parce que l’itinéraire est assez évident. La grimpe l’est un peu moins! J’ai été impressionné par la continuité des difficultés: c’est raide, « méga-raide », jamais facile, mais par conséquent toujours magnifique! Même les V+/6a ont dû en marquer plus d’un… Si vous lachez quelque chose au dernier relai, il touchera le sol à vingt mètres de la paroi!
Une quinzaine de dégaines, beaucoup de sangles et un jeu de Camalot du 0.3 au 3 suffisent. Il faut de toutes façons accepter « d’engager » un peu…
Sophie, avec qui on commence à avoir roulé notre bosse, a souffert dans cette voie exigeante (c’est elle qui m’a demandé de le mentionner!) et c’est bien compréhensible! Bravo à toi Sophie, pour ta détermination et ta passion pour ce genre de voie!
La descente la plus efficace reste le couloir Est, déjà décrit dans un précédent article. La fin dans le pierrier plaira aux skieurs qui commencent déjà à se réjouir de glisser sur la montagne…
Un passage dans cet extraordinaire site d’Archiane serait bien incomplet sans une nuit au Refuge d’Archiane. Un refuge tenu par Jean-Luc, un type passionnant et passionné de montagne dont la cuisine est à tomber… J’ai été particulièrement charmé par cet endroit calme, amical, gustatif et sans « pétage de plomb »! Merci Jean-Luc pour les belles soirées passées à papoter sous la lune dioise…