L’histoire commence l’automne dernier. Alors que je suis au col de Susanfe avec un groupe d’ados prépubères et insolents à qui l’on a imposé d’aller marcher en montagne, je tombe sur un promeneur. Il me demande si je suis guide, un peu dépité je réponds oui. C’est alors que Charles m’explique qu’il cherche un guide pour ces projets de montagne. Nous échangeons nos numéros puis nous nous saluons. Je repars avec mon groupe d’ados un peu égayé et curieux de savoir si cette sympathique rencontre aboutira.

Ce printemps Charles m’écrit pour aller quelques jours en montagne. Le fort vent d’altitude annoncé pour ces prochains jours nous contraint à rester plus bas pour ne pas se faire défriser les moustaches. Ça tombe bien, Charles me donne quartier libre pour choisir le programme. Nous ferons une première journée à l’arête sud-est du pain de sucre. Charles grimpe comme un chamois malgré ses gros souliers Nepal Top Extreme et l’arête sera rapidement avalée, un bon présage pour aller se frotter à une jolie voie du Miroir d’Argentine le lendemain.

Quelle plaisir de retourner au Miroir, sa marche d’approche me remet tout de suite dans cette ambiance si particulière. Malgré une température frisquette annoncé à 6°C, la raideur de l’approche nous fera quand même transpirer.

L’ambiance face nord est là! Il nous faudra une ou deux longueurs pour se réchauffer. La pluie de la veille rajoute un peu de piment à l’escalade, les fissures des premières longueurs sont parfois humides et les adhérences sur le lichen bleu/gris parfois précaires. Un petit jeu de friends (0.4 au 0.75) permet parfois (pas toujours ;)) de réduire l’espace entre les points.

Miroir d'Argentine Remix Arthur Helyum
L8

La partie dalleuse du milieu offre une série de 5b pas si faciles qui font chauffer la gomme des chaussons.

11ème longueur la dalle se couche et le soleil égaye l’escalade.
Heureux au sommet de la Haute Corde

Pour profiter de cette magnifique voie sans se faire peur, il faut avoir un peu de marge technique pour faire face aux points parfois éloignés ou se débrouiller avec quelques prises mouillées. Il faut aussi maîtriser la corde courte pour se déplacer sur l’arête final qui mène à la Haute Corde. Ceci pour votre sécurité mais surtout pour celle des cordées en dessous. En effet, si une cordée évolue à 50m avec la corde qui pendouille dans la face, c’est une technique de chalut très efficace pour faire tomber un maximum de cailloux sur les cordées du dessous. Si vous êtes rôtis après les 14 longueurs ou que vous n’avez pas le pied montagnard, préférez le retour par Anzeinde à celui par la Poreyrette plus rapide mais plus exposé.

Coup d’œil sur la bête depuis le sentier de descente.

Le Miroir est une superbe paroi d’ampleur qui propose aussi bien des voies faciles dans le niveau 4/5 comme « La Direct », que des voies plus dures dans le 7 comme « Psycho ». Pour plus de détails vous pouvez acheter le topo des frères Rémy qui ont ouverts de nombreuses itinéraires au Miroir dont « Remix ». Ce Miroir réserve de belles aventures et les guides d’Helyum y retournent avec toujours autant de plaisir!

Voilà ce qu’une rencontre improbable peut réserver…merci Charles pour ta confiance et ta motivation.

Bonne grimpe à tous!

PS: Merci au local de l’étape Fabien Brand pour les bons tuyaux de la veille.