Dans le cadre de mon service civil, j’ai eu l’occasion de travailler pour le service des sentiers pédestres de la commune de Bagnes. Quelques mots sur ces quatre années d’une pratique montagnarde différente que d’habitude.
Beaucoup de randonneurs et d’alpinistes pensent que les sentiers pédestres qu’ils parcourent ont toujours été là et ne demandent que quelques piétinements pour être entretenus. Que nenni les amis! Derrière ces chemins se cachent des heures d’un travail acharné et des moyens financiers considérables. La commune de Bagnes a choisi de mettre tout en oeuvre pour que ses sentiers soient irréprochables. Et le résultat est à la hauteur des moyens employés.
Simon taille le chemin de Pierre à Vire afin de l’élargir.
En été, trois employés communaux travaillent sur les chemins de la commune: Hervé, Simon et Fabien. Une partie de l’été, un civiliste vient en renfort pendant quelques mois. J’ai eu la chance d’avoir ce rôle durant les quatre dernières années.
En tout, 400 km de chemins doivent être entretenus, améliorés et réparés. Chaque chemin est parcouru en début de saison (de mi-mars à mi-juillet) pour l’ouverture: on y enlève les cailloux, creuse les traverses (ces grandes rigoles qui coupent le chemin et forcent l’eau à sortir de ce dernier), redresse les sections cassées pendant l’hiver, réinstalle les chaînes des passages difficiles, refixe les panneaux indicatifs,… Le même travail sera fait dans l’autre sens en septembre et octobre, pour la fermeture.
L’hélicoptère est un outil fabuleux pour le travail en montagne: il permet de se déplacer très rapidement (en économisant ainsi des heures de marches, perdues pour le travail à effectuer) et il offre la possibilité d’amener sur le terrain du matériel lourd.
En juillet et août, ce sont des projets d’amélioration ou de construction de nouveaux chemins qui focalisent l’attention. Quelques exemples marquants de ces dernières années:
- Construction des chemins d’accès à la nouvelle Passerelle de Corbassière (pas encore dessiné sur la carte)
- Réparation du chemin détruit par un éboulement à Pazagnou
- Réaménagement du Bisse de Corbassière, tombé en ruine et sans eau depuis près de 60 ans, désormais t0ut neuf!
- Remise en état des écuries à voûte et îtres du Giétro, du Crêt, de Sovereu, de Bocheresse, de La Maye,…
- Nouvel itinéraire de chemin, nouveaux pont et réaménagement du lit de la rivière à la Tsessette (la rivière du glacier sortait souvent de son lit, emportant ponts et chemins)
Cette année, une nouvelle passerelle en métal a été installée le long du bisse de Corbassière.
Arrivée par les airs d’un pont pour un nouvel itinéraire sous le glacier du Giétro…
… quelques minutes plus tard, on le fixe solidement (et c’est un euphémisme!) au sol.
La commune a décidé de remettre en état les îtres de la vallée: ce sont des abris de bergers qui, à force de ne plus être utilisés, tombaient en ruine. Ici un lit et une table, tout neufs et construits exactement comme ils l’étaient dans le temps.
Dès le mois de novembre et durant tout l’hiver, Hervé et Simon s’occupent de l’entretien de la piste de ski de fond du Plamproz, du damage des accès aux restaurants d’altitude de Verbier et à la cabane Brunet ainsi que du balisage de tous les parcours raquettes et peaux de phoque de la vallée. Ils construisent également, à l’atelier, les ponts, bancs et autres objets qui seront installés l’été suivant en altitude.
Damage de la piste de ski de fond du Giétroz, début novembre 2017. Les prémices d’un bel hiver!
Quelle chance j’ai eu de pouvoir apprendre à passer du temps dans ces alpages, à manier des machines que je ne connaissais pas, à faire de la menuiserie, de la charpente, de la maçonnerie, de la serrurerie, de la « démerderie », à apprécier un café au bistrot après une journée entière passée à piocher un chemin sous la pluie, à se mettre au service de tous ces randonneurs afin qu’ils passent le meilleur moment possible là-haut…
Il y a tellement de travail et de passion humaine derrière ces sentiers pédestres que je ne les parcourrai désormais plus de la même manière. Durant ces mois inoubliables, j’ai petit à petit appris à connaitre ces types solides, passionnés par leurs montagnes, increvables à la tâche et extrêmement généreux. Merci infiniment Hervé, Simon et Fabien…