Avec une météo aussi stable que celle de la semaine passée, les grimpeurs et alpinistes avaient la chance de pouvoir se lancer sereinement dans des grandes courses alpines, sans la peur de la nuit et de l’orage! Avec Sophie, nous avons choisi la mythique voie « Mer de Glace », face sud du Grépon (3482m). Puis un burger à Chamonix. Parce que bon.
En arrivant sur le parking du train du Montenvers à Chamonix, je ne sais toujours pas vraiment ce qu’on va faire! Avec Sophie, on commence à bien se connaître et les décisions de courses se prennent de moins en moins unilatéralement. Elle a la pêche et est super motivée à l’idée de faire une grande journée en montagne le lendemain. C’est donc vite vu: on ira faire une course que je me réjouis de parcourir depuis de nombreuses années. Le voie « Mer de Glace » au Grépon.
Accès au refuge de l’Envers via la Mer de Glace… qui sera notre arrière-plan de demain.
Cette voie, ouverte en août 1911 par Josef Knubel et ses compagnons, est un monstre sacré du massif du Mont-Blanc: la « fissure Knubel » permettant d’accéder au sommet du Grépon fut le premier passage d’escalade côté « V+ » (5c) dans le massif. Étonnamment, nous avons clairement trouvé les deux longueurs qui précèdent la brêche Balfour bien plus dures en libre. Dans cette contradiction se cache toute l’évolution de l’escalade de ce dernier siècle. Les passages précédents la fissure Knubel sont bien équipés de pitons. Ils faisaient dans le temps partie intégrante des prises de mains validées par le comité d’éthique. Actuellement, on essaie de grimper sans s’y agripper. Ces passages deviennent alors bien plus difficiles! La fissure Knubel est, quant à elle, uniquement protégée par un bloc coincé au début des difficultés. Ainsi, la suite est totalement obligatoire: tes mains, tes pieds et le rocher. Rien pour « tricher »! D’où la cotation sérieuse des ouvreurs. C’est totalement compréhensible et si beau de vivre cette évolution…
Je ne vais pas m’étendre dans la description de l’itinéraire… au risque de rajouter encore une description différente quant au chemin à parcourir pour trouver le fameux rappel au milieu de la voie! C’est pas si compliqué: suivez votre flair et il y a plusieurs solutions. La description de Michel Piola dans son topo « Massif du Mont-Blanc – Envers des Aiguilles » est complète et précise.
Lever du jour dans les longueurs du bas de la voie. Cette première partie n’est pas très soutenue et on y avance vite.
La deuxième partie, par contre, grimpe bien plus! Mais quelle ligne et quel rocher! Digne des plus belles voies d’escalade moderne du coin.
L’éclate!
Dans les longueurs du haut, de loin les plus belles. En arrière-plan: les Drus, l’Aiguille Verte, les Droites et les Courtes… que des noms!
Et bim, sommet! Au final: moins de 8h pour arriver au sommet. C’est pas aussi long que ne laissaient penser nos lectures préparatoires…
Pour la descente, nous choisissons la classique en direction du Col des Nantillons: honneur aux anciens! Une nouvelle ligne de neuf rappels permet de rejoindre directement le glacier… mais j’avoue avoir eu la flemme de porter une deuxième corde de 50m! Après le magnifique rocher de la face sud: changement de décors. On navigue dans un univers de blocs instables, de rappels cachés et de lecture de terrain exigeante. Mais en ce début de saison très enneigé, le glacier des Nantillons est encore tout blanc. Une fois les pieds posés dessus, c’est de la randonnée pédestre. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons choisi cette course, car cela n’est pas toujours le cas. En glace vive, c’est une autre descente! On arrive au refuge du Plan de l’Aiguille juste à l’heure pour l’apéro! Le télécabine est fermé ces jours, nous descendrons donc au calme le lendemain matin sur Chamonix. Et puisque c’est ainsi qu’il faut faire: nous restons un moment à Cham’ pour y manger un hamburger. Ça fait partie intégrante de la course!
Les rappels sous le sommet (pointe de gauche).
Une fois le glacier des Nantillons parcouru, on rejoint le Rognon des Nantillons où une ligne de 6 rappels de 25m a été équipée par les guides de Chamonix. Merci à eux, c’est top confort!
Une grande course à Chamonix sans son burger au retour, n’est pas une course complète!
Bravo Sophie pour cette belle coche dans notre cahier de courses!