Après une découverte en 2017 et une confirmation en 2018, on assied la chose en 2019: Taghia, c’est décidément mythique! Mais ce n’est certes pas un scoop… Récit en images, voie par voie, d’un voyage entre amis!
Cette année, une jolie délégation suisse romande prenait la rapide et expéditive voie des airs pour découvrir cette perle de l’escalade calcaire pour une dizaine de jours: Mathilde, guide à Briançon, là où le soleil brille toute l’année pour les grimpeurs; les deux frères Boder, Sébastien et Renaud, légendes vivantes du Salève et des soirées genevoises; Olivier Mahmed Zitoun, non moins légendaire grimpeur et guide genevois, expatrié à Leysin; Adrien, l’homme aux fantastiques aquarelles et à la motivation sans faille; Alex Sacha, membre émérite d’Helyum, « Brice the Nice » cet été mais en belle forme grimpante, comme toujours; et moi-même, tout heureux de retourner là-bas avec une pareille équipe!
Taghia, c’est un village magnifique qui vit les tourments d’un lieu vivant de la terre et des bêtes depuis longtemps et qui, depuis quelques décennies, se développe touristiquement. Pas que ce développement soit négatif, mais il accélère les choses. Route, pas route, formation de guides sur place, balisage des itinéraires berbères historiques, offre hôtelière, main-mise versus aide de l’UNESCO… Tout y passe! J’ai une pensée particulière pour ses habitants qui font actuellement face à tant de questionnements. Puissent-ils faire les choix qu’ils ont décidé seuls, selon leurs seuls intérêts. Bon vent Taghia!
Le voyage
On se l’est faite expéditive: réveil tôt le matin à Genève, tajine le soir à Taghia… L’avion, les voitures et les mules: un decrescendo certes trop rapide, mais qui nous fait changer de monde calmement en une seule journée. On logera chez Youssef et son équipe, toujours aussi fantastiques.
Taoujdad: Les Rivières Pourpres
C’est une voie légendaire de Michel Piola. Un passage obligé pour les sept. Et tout le monde y passera! Beaucoup a déjà été écrit sur cette voie, je ne vais pas y ajouter mon grain de sel. Mais allez-y: l’équipement est exemplaire et les cotations moins violentes qu’elles n’y paraissent…
Oujdad: L’Agonie de Dzida
Avec Mathilde, nous avions envie de découvrir un des nombreux itinéraires non équipés de Taghia. On vise alors l’attractif centre de la face nord de l’Oujdad. L’Agonie de Dzida est, dans ses longueurs médianes très raides, une magnifique voie aventureuse avec des longueurs très soutenues dans le 6b / 6c… La sortie au sommet par l’arête nord « esthétise » encore la chose!
Oujdad: Shukran
Au milieu du séjour: une journée avec Séb, mon ami de longue date, celui qui m’a appris à faire un noeuds de huit! Quelle joie de se retrouver ici avec toi Poto… Shukran, c’est des longueurs courtes, trop courtes, mais alors d’une classe! On s’est mis de jolis combats dans quasiment toutes les longueurs, techniques et parfois dures en lecture.
Taoujdad: Widi Azri
Une nouvelle voie remonte la partie de gauche de la grosse face nord du Taoujdad: Widi Azri, un long itinéraire de 500m, soutenu dans le 6c. Une super manière de visiter cette face dans une difficulté et une raideur moindres que dans sa voisine Les Rivières Pourpres. Mais attention à la deuxième et la troisième longueur qui sont difficiles pour la cotation et équipées étonnamment… Mais on s’est bien amusés!
Tadrarate: L’Axe du Mal
Après Les Rivières Pourpres, L’Axe du Mal était la voie que je ne voulais pas louper cette année… Un soleil de plomb nous a obligé à grimper toute la semaine à l’ombre. Et il se trouve que L’Axe du Mal est orienté sud-ouest… Donc c’était un projet impensable, jusqu’à ce que nous tombions sur les prévisions météo qui annonçaient une journée nuageuse… pour notre dernier jour sur place! Alors feu, on va au Tadrarate! J’y file avec Mahmed-Zitoun et Sacha pendant qu’Adrien et Séb osent la splendide « Sur le fil de la nuit », la voisine de droite. Malgré des intestins sans-dessus-dessous (effet secondaire « Taghia »…) qui nous ont plus ou moins tous bien terrassé, les cinq « tadraratiens » du jour sortent en fin de journée sur le plateau sommital, heureux de terminer ainsi, « sur le fil » ce magnifique séjour.