Depuis quelques années, le ski de pente raide et de couloir a pris un essor spectaculaire. Il n’y a pas un jour sans découvrir, sur les réseaux sociaux ou sites de ski de rando, des descriptions de descentes réalisées. En passant du couloir engagé parsemé de barres et rochers avec rappels à la clef, à la pente bien raide sans risques majeurs, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. Nous y guidons parfois nos clients.
J’ai eu l’opportunité de faire découvrir cet hiver, quelques lignes classiques, sans prétention, mais qui ont demandé de la part des clients un certain investissement personnel 🙂
Confronté à ce nouvel engouement, à nous d’avoir toujours en tête quelques belles propositions. Mais avant de se jeter tête baissée dans un projet un poil pentu, il est bon de respecter quelques règles de base.
La première est bien entendu de connaître le niveau technique du skieur. Faire descendre un couloir, même à 40° sur 500m, si votre « second » ne possède pas un bon niveau de ski, c’est « aucun plaisir assuré » et c’est un bon moyen de vous faire prendre des cheveux gris. L’inconnu réside dans la capacité psychologique de votre second à appréhender la pente. Petit moyen simple: remonter à la force des mollets ce que vous souhaitez descendre. Certes, cela demande un peu d’effort de traçage et beaucoup de sueur, mais cela permet surtout de se mettre dans le bain et d’autre part de sentir les conditions du terrain. Parce que rarement un couloir est poudreux ou moquette de haut en bas et il est fréquent de rencontrer une zone plus compacte voire verglacée ou avec un changement de neige.
Deuxièmement, une bonne manière de ne pas dégoûter votre second, c’est d’y aller progressivement. 800m à 50° pour une première, c’est un bon moyen de le faire fuir à jamais. Être opportuniste, s’avère aussi parfois payant. Les bonnes conditions pour cette activité ne perdurent pas toujours dans le temps. Parfois la patience s’avère payante pour optimiser les conditions.
Enfin, ça y est, vous êtes en haut, vous avez passé plus de 2h à tracer ce beau couloir et enfin le soleil vous caresse voluptueusement la nuque au sommet. Après un peu de récupération dignement méritée, deux ou trois petites recommandations s’imposent: contrôle des fixations, démarrage en douceur, bien se positionner en avant à l’entrée de son virage, et… chute interdite!
À cet instant, petit tremolo dans la voix et « serrage de glotte ». Symptôme caractéristique de votre système sympathique qui s’est mis à produire un peu d’adrénaline endogène: cela se nomme… la peur. Pas grave, cela favorise la concentration.
Drôle de sentiment pour nous que d’accompagner un client dans ce genre de périple. Nous ne sommes alors pas maîtres de tous les facteurs. Les seuls moyens à disposition pour diminuer les risques sont l’appréciation des conditions, l’évaluation des capacités techniques, l’apport de conseils et d’accompagnement et surtout… faire confiance. Pas toujours facile, mais tellement enrichissant!
Quelle belle récompense, en arrivant au pied des difficultés, une fois la tension envolée, de voir le plaisir pour certains d’avoir surmonté ses craintes et même d’y avoir trouvé un réel plaisir.
Espérons que le printemps nous offre encore des belles découvertes.
Belle fin de saison à tous !
Philou