Depuis quelques années, le ski de pente raide et de couloir a pris un essor spectaculaire. Il n’y a pas un jour sans découvrir, sur les réseaux sociaux ou sites de ski de rando, des descriptions de descentes réalisées. En passant du couloir engagé parsemé de barres et rochers avec rappels à la clef, à la pente bien raide sans risques majeurs, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. Nous y guidons parfois nos clients.

Trace dans la partie médiane du couloir Piaget

J’ai eu l’opportunité de faire découvrir cet hiver, quelques lignes classiques, sans prétention, mais qui ont demandé de la part des clients un certain investissement personnel 🙂

C’est encore loin le soleil? Couloir nord du Tsa de l’Ano

Confronté à ce nouvel engouement, à nous d’avoir toujours en tête quelques belles propositions. Mais avant de se jeter tête baissée dans un projet un poil pentu, il est bon de respecter quelques règles de base.

Laure inaugure la partie centrale du Piaget, la confiance paie !
C’était il y a un an, entre nous, pour le plaisir, Tsa de l’Ano
Va bien falloir le faire ce premier virage 🙂

La première est bien entendu de connaître le niveau technique du skieur. Faire descendre un couloir, même à 40° sur 500m, si votre « second » ne possède pas un bon niveau de ski, c’est « aucun plaisir assuré » et c’est un bon moyen de vous faire prendre des cheveux gris. L’inconnu réside dans la capacité psychologique de votre second à appréhender la pente. Petit moyen simple: remonter à la force des mollets ce que vous souhaitez descendre. Certes, cela demande un peu d’effort de traçage et beaucoup de sueur, mais cela permet surtout de se mettre dans le bain et d’autre part de sentir les conditions du terrain. Parce que rarement un couloir est poudreux ou moquette de haut en bas et il est fréquent de rencontrer une zone plus compacte voire verglacée ou avec un changement de neige.

Amélie et Marco à la sortie du couloir nord de la Dent Jaune
Amélie dans la partie médiane du même couloir, Champéry en contre bas

Deuxièmement, une bonne manière de ne pas dégoûter votre second, c’est d’y aller progressivement. 800m à 50° pour une première, c’est un bon moyen de le faire fuir à jamais. Être opportuniste, s’avère aussi parfois payant. Les bonnes conditions pour cette activité ne perdurent pas toujours dans le temps. Parfois la patience s’avère payante pour optimiser les conditions.

Fin de la descente du couloir nord de la dent Jaune pour Marco,

Enfin, ça y est, vous êtes en haut, vous avez passé plus de 2h à tracer ce beau couloir et enfin le soleil vous caresse voluptueusement la nuque au sommet. Après un peu de récupération dignement méritée, deux ou trois petites recommandations s’imposent: contrôle des fixations, démarrage en douceur, bien se positionner en avant à l’entrée de son virage, et… chute interdite!

À cet instant, petit tremolo dans la voix et « serrage de glotte ». Symptôme caractéristique de votre système sympathique qui s’est mis à produire un peu d’adrénaline endogène: cela se nomme… la peur. Pas grave, cela favorise la concentration.

En mode soleil, couloir sud ouest du Ritord.

Drôle de sentiment pour nous que d’accompagner un client dans ce genre de périple. Nous ne sommes alors pas maîtres de tous les facteurs. Les seuls moyens à disposition pour diminuer les risques sont l’appréciation des conditions, l’évaluation des capacités techniques, l’apport de conseils et d’accompagnement et surtout… faire confiance. Pas toujours facile, mais tellement enrichissant!

Arnaud sur la moquette du Ritord, il a fallu un peu patienter pour skier ce doux manteau

Quelle belle récompense, en arrivant au pied des difficultés, une fois la tension envolée, de voir le plaisir pour certains d’avoir surmonté ses craintes et même d’y avoir trouvé un réel plaisir.

Espérons que le printemps nous offre encore des belles découvertes.

Belle fin de saison à tous !

Philou