On est toujours dans cette période compliquée pour nous tous, le confinement. Alors je vous propose une petite évasion sur les plus belles pentes raides partagées entre amis, collègues ou clients. Une rétrospective sur quelques printemps où nous étions « libres » de nos mouvements.
La pente raide n’est plus du ski extrême. C’est devenu, depuis une quinzaine d’années, un but quasi classique de tous bons skieurs. Le ski extrême s’est retranché dans des pentes encore plus raides et avec, bientôt, plus de rochers que de neige sous les skis…
L’engagement à ce stade est largement « quelques degrés » au dessus….
L’évolution du matériel a énormément participé à l’amélioration du niveau des skieurs et ainsi à l’évolution du ski de pente raide.
Dans cet article, vous trouverez entre autres des images faites dans le couloir Marinelli… Cette ligne fût skiée la première fois par Sylvain Saudan le 10 juin 1969. Après deux heures trente de descente, il avouera avoir eu réellement peur dans ce toboggan de plus de 2500 mètres à 45° de moyenne. Une performance incroyable pour l’époque.
Nous avons skié ce mythe il y a quelques années avec Pierre, Thierry et Yann. D’autres photos de pentes raides issues de mes coups d’oeil garnissent cet article.
La pente raide, certainement le must de l’engagement pour un skieur alpiniste. Chacun choisira son but en fonction de ses moyens physiques, techniques et psychiques. Peut-être bien que le psychique sera le premier des éléments à prendre en compte…
La pente raide c’est une vraie discipline qui demande de la discipline 😉 Très peu de skieurs sont capables de remettre les skis après six mois de vie en tongue et skier une pente de 55° dès les premiers virages. La plupart d’entre nous devons gagner peu à peu des degrés au fil de la saison. Ce qui est relativement frustrant lors d’un printemps « covidé… »!
Le plus motivant dans cette discipline spécifique sera la recherche des itinéraires cachés. L’invention d’une nouvelle ligne ou la répétition que vous ne trouvez pas sur les réseaux sociaux ou sur les sites classiques des « topos en lignes ». Ce plaisir viendra bien après celui de n’avoir pas raté votre premier virage. Ce point est tellement crucial dans cette pratique !
La pente raide, son engagement et la réussite résident à 80 % dans ce premier virage ! Quel skieur ayant déjà fait quelques lignes qui penchent n’a pas vécu le stress du premier virage ? Ce dernier conditionne entièrement votre réussite.
Comme toutes disciplines alpines, les cotations des difficultés se sont modifiées au fil des deux dernières décennies.
Par exemple : le célèbre couloir Barbey en face est de l’Aiguille d’Argentière. Une première descente réalisée par Daniel Chauchefoin ( encore lui ! ). A l’époque la cotation donnait TD et fortement exposé ( 47° de moyenne ).
La cotation actuelle donne cela : 5.1 E2 / TD- / S5…. Avant de mettre les crampons dans le sac à dos et partir vers l’Aiguille d’Argentière, faudra apprendre le déchiffrage des cotations…
Cité quelques lignes auparavant, Daniel Chauchefoin est évidement reconnu dans le milieu des skieurs de pentes raides. Ceux qui sont un peu plus âgés ou ceux qui s’intéressent à l’histoire incroyable de l’évolution de cette discipline le connaissent bien. Les autres, passeront certainement à côté de ce grand nom du ski de pente raide, s’ils ne lisent que les topos et leurs cotations, justement !
La pente raide, sa pratique et le niveau des skieurs à tellement évolué en 20 ans…
1988, nous terminons la descente de la face nord-est des Courtes. Quatre autres randonneurs nous regardaient depuis le fond du bassin d’Argentière. Ils sont venus nous « féliciter » pour cette performance…
Actuellement, vous terminez la nord-est, avec 30 randonneurs en face, aucun ne viendra vous féliciter, ni même ne vous aura vu skier.
Ces deux réactions ont plus de 30 ans de différence. Trois décennies durant lesquelles les pentes engagées de ski extrêmes sont devenues des grandes classiques des pentes raides. À croire que les degrés des pentes se sont affaiblis à l’inverse de ceux de la température moyenne annuelle…
Dans tous les cas, je me réjouis de remettre mes skis après avoir taillé une plateforme en haut d’une pente, de regarder vers le bas et d’oser ce fameux premier virage.
Et pour terminer, deux reliques de mes vieux souvenirs… L’Y à l’aiguille d’Argentière en 2002 et un article paru dans La Suisse du 30 mai 1993…