Pérou : Une destination que je pratique depuis 1988. Ce fût mon premier voyage extra européen qui a largement contribué à marquer mes préférences de découvertes d’altitude. La tendance sud américaine qui est marquée dans mes choix de destinations, n’est pas là par hasard… Dieu que le Pérou est magique et comme ses paysages changent drastiquement ou tristement !
Premier voyage en mai 1988, en vélo et autour de la cordillère Huayhuash. Puis les voyages suivants, vers la cordillère Blanche. Une présence quasi constante entre les années 1997 à 2001. Trois mois par année pour un mandat que j’avais sur place. Magique !
L’entrée de mes saisons estivales 2007 et 2017 auront aussi débutés au Pérou. Chaque fois avec la présence de Jérome et/ou Philippe pour me donner un coup de main sur le terrain. C’est justement ces deux derniers voyages et les images rapportées cette année qui m’abasourdissent le plus, quant aux changement des conditions sur place. Je parle bien des conditions en altitude ! La disparition pure et simple de portions de glaciers et des itinéraires autrefois (1995 – 2017) classiques. Cela à une vitesse démesurée !
Mais revenons à nos lamas : Mai 2020, le Pérou était agendé, sauf que… La pandémie est passée par là. Du coup, le projet est remis avec un départ en 2024, le 19 mai exactement. François, Caroline, Jean Marie et moi-même, embarquions pour le vol international qui nous déposera à Lima quelques heures plus tard. De la capitale péruvienne, nous avons rejoint, l’autre capitale, celle de l’andinisme ; Huaraz.
Le premier séjour d’une semaine en guise d’acclimatation, se déroula entre Huaraz, le site d’escalade de Hatun Machay et les deux premiers sommets prévus au départ de Caullapampa. Premiers jours à Huaraz pour acheter un peu d’acclimatation avec des nuits à 3200 mètres. Puis nous sommes partis grimper vers Hatun Machay. Les premières longueurs au dessus de 4400 mètres pour François, Caroline et Jean Marie.
Début de séjour suivit d’un camp de base vers la même altitude avant de fouler un premier sommet sans nom. ( 4900 mètres. ) Un programme doux qui incluait des jours de repos au camp de base. Nous terminions cette première semaine avec l’ascension du Caullaraju Ouest qui flirt avec les 5450 mètres. Premier record d’altitude pour mes trois acolytes.
Et comme à son habitude, les repas au camp de base étaient dignes d’un restaurant gastronomique. Sauf qu’en plus vous y ajoutez la quantité ! Bernardo, notre chef de cuisine est toujours à la hauteur. Il est simplement incroyable. Qui peut se prévaloir de manger des Cébiché à plus de 4500 mètres ? Nous le pouvons ! Loin, très loin des repas lyophilisés d’expéditions traditionnelles. Nous avons, une fois de plus été gâtés.
La seconde partie du séjour, plus traditionnel au Pérou et dans la « Blanche » ; Ischinca.
Ischinca propose plusieurs sommets possibles au départ du même camp de base. Dans les belles années blanches de ce massif, l’Urus, l’Ischinca, le Ranrapalca et le Tocllaraju coloraient les projets des expéditions que je réalisais. En 2007 et 2017 nous étions passé par ces 4 pôles de cette quebrada… Ben, 7 ans plus tard, il reste l’Ischinca et le Tocllaraju possible, sans devoir emporter votre pelleteuse… Le Ranrapalca et sa voie normale est certainement plus exposée actuellement, que de vous pointer au front entre l’Ukraine et la Russie !
Cette région du Pérou souffre spécialement du manque de précipitations combinées au froid.
Et l’Urus ? Il est simplement sec. Le glacier ressemble à rien ! Désolation totale. Le Tocllaraju nous aura donné du fil à retordre. Une crevasse béante à franchir et une sortie sous le sommet avec un sérac que trop menaçant. Exactement ce que nous n’aimons pas et qui est imposé par les modifications climatiques de la région.
L’ascension du Tocllaraju ne fût pas sans surprise pour l’équipe. Mais au delà de ces dernières, le nouveau record d’altitude pour les trois est franchit ; 6035 mètres. Bravo !
Le premier sommet au dessus de 6000 mètres était derrière nous. Il restait une semaine à notre périple andin. Le choix fût posé sur le Chopicalqui. Ce monstre de 6350 mètres trône à l’ombre des Huascaran et Handoy. La vallée d’accès, Llanganuco est simplement magnifique. Un des hauts lieux du tourisme classique du Pérou. Deux lagunes vertes émeraudes augmentent la palette des couleurs des paysages andins. La puissance du Pérou !
Début juin nous installons le camp de base au pied du Chopicalqui. Un jour de repos est imposé avant de monter au camp moraine. Ce camp moraine surplombe le vallon d’accès mais il est encerclé entre les deux Huascaran et le Chopicalqui. Imposantes, ces montagnes péruviennes souffrent réellement d’un climat bien trop tropical.
Un levé à 23h00 pour la dernière ascension prévue. Nous posons les pieds sur le glacier vers 1h00 du matin. Une entrée en matière peu agréable. La frange du glacier est en glace dure. Vers 5200 mètres, les cordées retrouvent la neige et du coup, un rythme de déplacement plus agréable. La météo n’est pas vraiment avec nous sur ce dernier projet. François et Caroline iront au sommet et ajouteront ce dernier à l’édifice de leurs records d’altitude personnel. Une belle performance vu les conditions et cette altitude qui commence à être vraiment élevée.
Cela dit, entre ces quelques lignes, vous pouvez décoder des performances et des heures d’efforts. Des portages et des moments d’attentes. Des questions et des millions de doutes à chaque pas. Surtout quand vous découvrez, comme mes trois complices de voyage, les faits ou effets de l’altitude…
Le Pérou pour toutes ces dernières questions, reste une destination extraordinaire. Le choix des ascensions, le rythme de ces dernières, le terrain et le confort dans les moments d’attentes et de repos, garantissent une réussite et des découvertes.
Nous retrouvons ce genre de « confort » en Bolivie.
Bravo à Caroline, François et Jean Marie, qui ont mené de mains de maître leurs ascensions et ce mois magnifique au Pérou. Une expédition exceptionnelle sans accros et remplie de découvertes.
Merci spécialement à Bernardo, notre cuisinier, Angel et Léo, mes collègues guides sur place et pour le logement chez Zarela.
Vivement le prochain départ prévus en juillet 2025 !