Après deux jours fabuleux sur l’Eiger et son arrête Mittellegi, nous filons avec Sophie au refuge du Soreiller, dans le massif des Écrins, pour grimper sur un granite non moins magnifique! Et Émilie nous rejoindra pour que nous réalisions les deux un voie reluquée depuis longtemps… Petits topos de chaque voies parcourues!
Vous trouverez toutes les informations sur les voies parcourues dans l’excellente édition 2018 du topo « Oisans nouveau – Oisans sauvage / Livre ouest ». Je décris ici juste quelques petits « trucs » qui vous faciliterons la vie!
Le refuge du Soreiller
Commençons par le camp de base! Depuis cet été, la nouvelle gardienne du refuge du Soreiller, c’est Marielle. Les guides d’Helyum la connaissent bien, elle gardait le refuge de la Selle, point de départ de nombreuses courses que nous chérissons. Toujours souriante, fine cuisinière et passionnée par son métier, Marielle nous a une de fois de plus accueillis comme des rois dans sa cabane. Et nous avons eu le plaisir à connaître son copain Quentin… à l’humour ironique très apprécié! Quentin est guide et il connaît très bien la région. Il saura vous aider dans vos projets avec mesure et intelligence. Merci à vous deux pour votre super accueil! Vivement la revoyure.
Le refuge du Soreiller est perché au pied du sommet emblématique du Vallon du Soreiller: l’Aiguille de la Dibona (plus ou moins au-dessus à gauche de la main droite d’Emilie… vous suivez?).
Aiguille de la Dibona – Visite Obligatoire (350 mètres , 6a+ max / 6a+ oblig.)
La voie:
Peut-être la ligne la plus mythique de la région, souvent convoitée et parcourue. Une homogénéité rarement vue sur presque 400 mètres… mais attention, ce sont des 6a bien sérieux. Il est judicieux, pour aborder sereinement les difficultés, d’avoir au minimum un niveau 6b « tranquille-le-chat », comme on dit! Quasiment tous les pas durs sont obligatoires, mais sans jamais être expo (dangereux).
Accès et itinéraire:
Du refuge, repérez la première dalle à droite de la grande qui descend au plus bas du bouclier (bien visible sur la photo ci-dessous). Sur le haut de cette petite dalle, traverser à gauche sur une petite vire au bout de laquelle on peut s’équiper. Ce départ est aussi celle de la voie « Madier ». Grimper aisément en traversée sur la gauche (sous un petit toit / dièdre) jusqu’à R1 juste à droite des dévers noircis. La voie suit les spits de gauche. Première et deuxième longueur équipées loins… si ça passe là, ça passera jusqu’en-haut! Après la cinquième longueur (sixième si on compte la première très facile), grimper une longueur de 5a/5b (et non III comme disent certains topos) jusqu’à un relais sur un petit éperon. Faire relai là. Ensuite, repérez un relai sur la proue qui borde la gauche de la vire Boell, s’y diriger (III cette fois) mais ne pas s’y arrêter, continuer dans le grand couloir / dièdre de gauche quelques mètres puis repérez sur une petite vire au-dessus de vous à droite un bon relai (court passage de V pouy y parvenir / 1 spit / 50 mètres). La suite est logique!
Descente:
Par la voie normale: quelques mètres de désescalade puis deux rappels de 25 mètres (voire un peu plus pour le deuxième) et une désescalade facile mais exposée sur la gauche des Clochetons Gurnneng. Ensuite à pied jusqu’à la fabuleuse omelette de Marielle!
Troisième longueur de « Visite Obligatoire »… comme vous pouvez le voir, la marche d’approche n’est pas trop éprouvante!
Arrivée au sommet de l’Aiguille de la Dibona.
Le Rouget – Directe sud de 1976 (450 mètres, 6a max., 5c obligatoire… voire plus!)
Accès:
C’est un accès alpin qui demande expérience et attention! Monter au mieux en direction du col le plus à gauche des petits cols au pied de l’arête sud-ouest du Rouget (départ du Pilier Chèze, photo de cette brèche dans cet article). Le col s’atteint par quelques pas d’escalade faciles (III), en suivant des piquets en bois. Du col, repérez quelques mètres devant, après une petit tour secondaire, un relai spité. Faire un premier rappel d’une vingtaine de mètre jusqu’à des sangles sous un gros bloc à droite (en regardant en-bas!). Cela évite un coincement de corde quasiment inévitable si on faire les 45 mètres d’un coup. Ensuite encore un rappel d’une vingtaine de mètre jusqu’à un relai spité rive gauche. Puis environ 55 mètres de rappel (marche possible si vous avez 50 mètres de corde) juqu’à un gros bloc d’où dernier rappel d’une quarantaine de mètre permet de prendre pied sur la vire de départ. Attention si des cordées sont derrière vous: c’est un sacré tas de cailloux tout ça…
La voie:
Quelle ligne sauvage! Peu ou pas de points dans les longueurs et seulement de temps en temps un ou deux pitons pour les relais. Beaucoup de relais sont à équiper entièrement. Vous devrez donc avoir une bonne lecture d’itinéraire et être prêt à grimper loin du point dans des longueurs de V soutenues! Certains passages sont bien exposés. Mais quel bonheur de grimper ainsi dans une si grande face! Du spit de la vire, j’ai fait une première longueur jusqu’à R1 du « Trésor… » puis une courte (15m) jusqu’au pied du dièdre évident sur la gauche. Si vous désirez faire les longueur comme décrit dans le topo c2c, prenez des cordes de 60 mètres! Pour être serein, prendre beaucoup de sangles, un jeu complet de C4 jusqu’au numéro 3 (en doublant vert et rouge) et les C3 0 et 1.
Descente:
La plus rapide et la plus commode: l’arête nord puis la rive droite du couloir entre le Rouget et le Pic Gény. Deux rappels possibles au début de l’arête (25 et 45 mètres), mais désescalade aisée quoique expo. Une fois le début du couloir rejoint, suivre son fond sur quelques dizaine de mètres (sable, caillasse,…) puis repérer les cairn qui vous mènent rive droite et les suivre. Un rappel de 25 possible au tiers inférieur.
Première longueur de la « Directe sud », commune avec « Le Trésor… » décrit plus bas. L’ambiance est déjà là!
Le type de relai que vous devrez confectionner. Trop bien! J’aime tant ce genre de grimpe!
Rocher parfait et itinéraire astucieux…
Aiguille Orientale du Soreiller – Mazurka (250 mètres, 6a max., 5c obligatoire)
La voie:
Émilie nous a rejoint la veille et nous parcourons à trois cette jolie voie qui vaut le détour! Ce n’est pas trop long, assez bien équipé (quoique zigzaguant un peu…) et la descente en rappel est très aisée. Idéal après deux grosses journées et avant une descente en plaine pour Sophie!
La fabuleuse sixième longueur en 5c… vous pouvez venir juste pour celle-là: dans ce niveau, c’est génial!
Le Rouget – Le Trésor de Rackham le Rouget (450 mètres, 6c max., 6a obligatoire)
Deuxième voie du coin (avec « Visite Obligatoire ») à être répertoriée dans le livre « Parois de légendes – Les plus belles escalade d’Europe » d’Arnaud Petit et Stéphanie Bodet, « Le Trésor… » est réellement une perle rare d’une beauté rarement égalée dans les Alpes! C’est un voyage, allez-y, c’est dément! Si chouette de la parcourir avec Émilie pour clôturer cette saison de guide intense qu’elle a su gérer avec calme et patience…
Accès:
Identique à la « Directe » (voir ci-dessus).
La voie:
Première longueur commune avec la « Directe… ». La suite est évidente. Les longueurs sont toutes fabuleuses, toujours très longues et sur un caillou de dingue. Cambon semble aimer les longueur de cinquante mètres… L’équipement est normal dans le 6a, rapproché dans le 6b… mais furieusement éloigné dans les deux « V » de fin. Vous êtes avertis!
Descente:
Identique à la « Directe » (voir ci-dessus).
Dès la deuxième longueur, l’ambiance est folle…
La sixième longueur: délire!
La fameuse huitième longueur… toujours délire!
Au final: que des belles voies, du rocher de fou, un refuge fabuleux, des réveils pas trop matinaux et deux compagnonnes de cordée toujours heureuses d’être là-haut…!
Bravo Sophie pour cette fabuleuse semaine et merci d’avoir accepté Émilie à notre corde dimanche! Merci Émilie d’être venue jusque-là pour fêter si dignement tout ce qu’il y avait à fêter!